Mon histoire
Posté : ven. 29 déc. 2023 22:44
Bonjour à toutes et tous,
Je suis arrivé sur ce forum pour les raisons que nous connaissons toutes et tous.
Je n'ai de premier abord pas osé partager mon vécu avec vous. Une réponse que j'ai faite à Sans prétention dans le sujet 'Séparation de partenaires pacsés" m'a fait me rendre compte de la tristesse et de la colère que je refoule.
Je vais donc partager mon expérience avec vous, mais un peu différemment de ce que j'ai pu lire sur les autres posts. Afin d'être le plus juste possible, et pour vous donner toutes les cartes, je vais vous partager TOUTE mon histoire.
Je vous prie de m'excuser par avance de la longueur de ce post, et ne reprocherai à personne de ne pas l'avoir lu dans son intégralité.
1984 : année de ma naissance, petit garçon rouquin, fruit de l'amour d'un père alcoolique, violent, raciste, jaloux et paranoïaque, et d'une mère assez limitée.
1989 : année de tous les changements
La future femme de ma vie voit le jour.
Un défaut de vision m'est trouvé, je vais devoir passer les 15 prochaines années de ma vie avec des lunettes.
Diagnostiqué précoce, je passe directement en CP. Commencent mes années de 1er de la classe et de harcèlement scolaire, qui ne se calmera qu'en post-BAC.
Je ne comprends pas pourquoi mes parents sont médusés devant la télé qui parle de ce mur qui s'est effondré, alors que la maison toute entière des voisins a été détruite il y a trois mois. Lorsque je demande pourquoi à mes parents, mon père me répond : "Ta gueule, p'tit con".
1995 : je passe ma vie caché entre mon bureau et mon armoire, à lire, entre autres, les Trois mousquetaires. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde me hait au collège, et pourquoi mon père me frappe alors que je suis son fils et qu'il m'aime, forcément. Mes parents me mettent en thérapie, ce qui me confirme que le problème vient de moi.
1998 : le test officiel passé chez une psychologue confirme ce dont beaucoup de monde se doutait déjà, j'ai un QI de 145.
Je rencontre également cette année-là la première personne à m'accepter tel que je suis, un immigré russe dont personne ne veut s'approcher au lycée. Cette rencontre aura été la première pierre qui m'aidera à comprendre que mes valeurs, issues de mes lectures, sont justes, et que l'environnement dans lequel je vis est toxique.
2004 : je suis en BTS, et rencontre la fille "d'amis de famille", qui m'invite à venir découvrir l'art martial qu'elle pratique. Je suis subjugué et commence l'entraînement. Nul en sport, je m'accroche malgré les courbatures que je n'avais jusqu'alors jamais ressenties.
J'ai enfin ma première copine. On s'embrasse pendant deux mois. Elle me largue pendant les épreuves du BTS.
2005 : mon père se branle sur ma mère qui est aux toilettes et qui ne veut plus "dormir" avec lui depuis des années. Elle lui envoie un jet de gaz lacrymogène en plein visage, il la jette par terre. J'appelle la gendarmerie. Mon père fait une (fausse ?) tentative de suicide avant l'arrivée des gendarmes. Quelques temps plus tard, il prend un appartement et quitte la maison familiale.
Côté arts martiaux, j'encaisse mon premier KO, dans un combat d'entraînement, contre un 2e dan. J'ai quatre dents cassées. Ça m'est égal, je ne veux plus avoir peur et avoir la force de prendre le contrôle de ma vie, je continue.
Je pars en école d'ingénieur à l'autre bout de la France, pas parce qu'il n'y avait pas plus proche de ma famille, parce qu'il n'y avait pas plus loin.
Homme célibataire avec une connexion internet, je découvre l'univers pornographique. Je me sens vite attiré par le BDSM. La notion de prendre ou de donner le contrôle me parle énormément. Et imaginer une femme qui m'aime m'attacher et me mordre n'est rien à côté des lapidations que j'ai vécues à 6 ans par des groupes haineux, ou de l'image d'un homme de 100 kg (5 fois mon poids à l'époque), fonçant sur moi le poing levé.
2007 : je passe plus de temps à l'école de kung-fu qu'à l'école d'ingénieur. Je ratte 3 UV sur 7. Je passe en conseil et choisis de devenir professeur d'arts martiaux plutôt qu'ingénieur.
Je commence à travailler et mets un peu d'argent de côté.
2008 : mes amis de l'entraînement sont partis et j'ai fini ma mission d'intérim. N'ayant plus personne, je décide de revenir dans ma région natale.
Je reprends mon premier art martial et garde le kung-fu dans un nouveau club, où j'intègre le groupe des vétérans et rencontre pour la première fois ma compagne en fin de saison. On se cache ensemble lors d'un spectacle pour ne pas faire une technique que ni elle ni moi ne maîtrisons. Elle me plaît, énormément. Mais elle me dit devoir partir un an en Allemagne pour ses études. Notre club a un forum exactement comme celui-ci. J'attends son anniversaire pour lui envoyer un message.
2009 : elle a un petit-ami, mais elle me répond, et nous commençons à échanger. Beaucoup de choses nous plaisent à tous les deux. Nous avons beaucoup de valeurs en commun. Elle revient en France en juillet, et nous nous voyons plusieurs fois, amicalement (évidemment, j'avais plus en tête).
Septembre : elle retourne une semaine en Allemagne, et rompt avec son petit-ami le 9. Nous nous revoyons le 10 et nous embrassons pour la 1ère fois.
2011 : nous vivons ensemble, elle finit ses études pendant que je travaille. Un jour, elle trouve mes vidéos BDSM. Je n'avais jamais osé lui avouer ce fantasme. Après plusieurs mois très durs, elle essaie de s'y intéresser et nous faisons quelques essais, mais ça ne lui correspond pas. Nous convenons que je peux continuer à garder mes fantasmes avec des supports dessinés, mais pas de photos/vidéos réelles.
J'intègre l'équipe enseignante de mon club d'arts martiaux, et suis en charge du groupe des 10-14 ans, et de l'échauffement des adultes.
2012 : suite à un désaccord avec mon professeur, je quitte mon art martial phare et perds mon statut d'enseignant.
2013, 2015, 2017 : les naissances de nos enfants font voler en éclats notre vie intime.
2018 : ma compagne n'en peut plus de ne s'occuper que des enfants et de n'être qu'un "poids" dans notre famille. Je cherche des solutions, et lui trouve un travail de traductrice qu'elle peut faire en télétravail. Ça marche très bien, elle finit même par gagner plus que moi.
Étant bilingue et elle trilingue, nous décidons donc de pouvoir vivre notre vie n'importe où. Ayant tous deux grandi à la campagne, nous choisissons de quitter la ville et de chercher un beau cadre de vie pour élever nos enfants. Nous déménageons vers une région que nous aimons, en location.
2019 : nous trouvons une maison ancienne qui nous plaît, l'achetons, et je commence à travailler à sa rénovation.
Nos revenus de traduction baissent depuis quelques temps, en fin d'année ma compagne décide de prendre un travail en entreprise afin d'assurer des revenus plus stables.
2020 : janvier. J'ai depuis quelques mois manqué à ma parole sur les vidéos BDSM, et elle en trouve une sur notre ordinateur. Elle me dit que ça ne lui fait plus de peine, et que c'est dommage de nous enfermer dans une relation où nous ne pouvons vivre chacun·e nos fantasmes. Elle me propose donc de nous permettre de sortir de notre couple, afin de trouver ailleurs ce qu'il nous manque sur le plan sexuel. Par culpabilité et envie, j'accepte.
Une semaine après, elle est dans le lit d'un de ses collègues. Je vais sur des sites de rencontre spécialisés, mais je ne peux me résoudre à passer le cap. Je lui demande de tout arrêter. Elle me répond que si elle perd ce qu'elle a, elle m'en voudra énormément et on se séparera. Écrasé par ma responsabilité dans cette histoire, j'endure chaque jour afin de ne pas détruire notre famille.
Mars. Elle se fait virer de son travail mais continue à voir son ex-collègue. L'enfer continue.
Juillet. Elle trouve un travail comme serveuse dans un restaurant et fait la fête avec ses nouveaux collègues. Elle se détache de son amant.
Août. La compagne d'un de ses nouveaux collègues est hystérique. La mienne m'assure qu'il ne s'est rien passé, qu'ils ont juste discuté. Plus bas que terre, je ne cherche même pas à savoir.
Septembre. Son travail en restauration se termine, elle n'était engagée que pour la haute saison.
Nous reparlons de tout ce que nous avons vécu, et je lui fais part de ma volonté d'être fidèle, et de mes attentes à son égard. J'insiste sur le fait que si elle n'est plus heureuse avec moi, elle doit être honnête et nous devons nous quitter. Elle est d'accord, et nous restons ensemble.
2021 : la maison que nous avons achetée est fonctionnelle, pas finie, mais vivable. Nous y emménageons en juillet.
Septembre. Ma compagne n'en peut plus de notre quotidien et part trois semaines chez un ami, qu'elle fréquente depuis plusieurs mois.
Elle m'assure droit dans les yeux que ce n'est qu'un ami. Je le rencontre à plusieurs reprises et lui aussi m'assure droit dans les yeux n'être qu'un ami.
Jusqu'à la fin de l'année, beaucoup de détails m'interpellent, je lui en parle systématiquement, toujours la même réponse. J'aime cette femme, je veux lui permettre d'être libre dans le respect de notre couple, et ne veux en aucun cas être paranoïaque comme mon père. J'accepte donc ses explications.
2022 : février. Ma compagne doit aller à l'hôpital pour des "règles qui ne cessent pas". Je sens la paranoïa monter, mais je refuse de la laisser prendre le dessus.
Avril. Ma carte bleue a été piratée. Je lui demande la sienne et son téléphone pour valider un achat en ligne. Au lieu du code de confirmation, arrive un sms de cet ami, qui l'appelle "ma femme".
Je la confronte. Elle m'avoue coucher avec lui depuis septembre dernier, et que son hospitalisation était un avortement maison raté. Je me contiens comme je peux, la pousse à faire une thérapie de couple pour sauver notre famille, et lui demande de rompre tout contact avec cet homme, ce qu'elle mettra des mois à faire.
Juin. Elle commence un nouveau travail de serveuse dans un bar à vin et à tapas.
Septembre. En thérapie de couple, elle me dit ne plus vouloir vivre de double vie, vouloir arrêter de mentir et être honnête envers moi.
Son travail se finit tard, et elle est très souvent fatiguée en journée.
Novembre. Elle s'est fait un ami de 20 ans de plus qu'elle à son travail, et me demande de rester dormir chez lui de temps en temps pour être moins fatiguée.
Je rencontre cet homme, à qui elle a parlé de notre histoire, qui m'affirme n'être qu'un ami en tout bien tout honneur, et que le plus important pour lui est notre famille, que jamais il n'irait mettre la m€rd€ dedans.
2023 : nous avons les derniers rapports intimes de notre vie en août.
Durant tout l'automne je la sens s'éloigner, et à chaque fois que j'aborde le sujet la même rengaine revient.
15 décembre. Elle me dit être en retard sur ses règles.
19 décembre. Elle me dit qu'elles sont arrivées.
20 décembre. Je n'en peux plus. Je ne la crois pas. Elle est partie emmener les enfants au basket. Je fouille un sac dans lequel elle garde des papiers concernant un projet d'ouvrir son propre bar. Je tombe sur une lettre d'amour. Je fonce au basket récupérer nos enfants, et lui dit de récupérer ses chiens et de partir.
Nous arrivons à la maison les premiers, elle 5 minutes après. Elle n'y croit pas. Elle reste face à moi, sans vouloir bouger. Je perds mon sang-froid et commence à l'insulter devant nos enfants. Elle reconnaît avoir couché avec cet homme depuis des mois. Je ne veux pas en savoir davantage, je veux qu'elle parte. Ne plus la voir. Jamais. Elle a détruit toute confiance que j'avais envers les autres. Lui aussi. Les enfants ne comprennent pas ce qu'il se passe. Ils pleurent tous les trois. Je lui dit qu'elle est un poison et que la pire erreur de ma vie aura été de me mettre avec elle. Elle me répond juste qu'elle n'a pas eu le courage de me l'avouer.
Je suis en miettes. Je ne peux plus écrire.
Je suis arrivé sur ce forum pour les raisons que nous connaissons toutes et tous.
Je n'ai de premier abord pas osé partager mon vécu avec vous. Une réponse que j'ai faite à Sans prétention dans le sujet 'Séparation de partenaires pacsés" m'a fait me rendre compte de la tristesse et de la colère que je refoule.
Je vais donc partager mon expérience avec vous, mais un peu différemment de ce que j'ai pu lire sur les autres posts. Afin d'être le plus juste possible, et pour vous donner toutes les cartes, je vais vous partager TOUTE mon histoire.
Je vous prie de m'excuser par avance de la longueur de ce post, et ne reprocherai à personne de ne pas l'avoir lu dans son intégralité.
1984 : année de ma naissance, petit garçon rouquin, fruit de l'amour d'un père alcoolique, violent, raciste, jaloux et paranoïaque, et d'une mère assez limitée.
1989 : année de tous les changements
La future femme de ma vie voit le jour.
Un défaut de vision m'est trouvé, je vais devoir passer les 15 prochaines années de ma vie avec des lunettes.
Diagnostiqué précoce, je passe directement en CP. Commencent mes années de 1er de la classe et de harcèlement scolaire, qui ne se calmera qu'en post-BAC.
Je ne comprends pas pourquoi mes parents sont médusés devant la télé qui parle de ce mur qui s'est effondré, alors que la maison toute entière des voisins a été détruite il y a trois mois. Lorsque je demande pourquoi à mes parents, mon père me répond : "Ta gueule, p'tit con".
1995 : je passe ma vie caché entre mon bureau et mon armoire, à lire, entre autres, les Trois mousquetaires. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde me hait au collège, et pourquoi mon père me frappe alors que je suis son fils et qu'il m'aime, forcément. Mes parents me mettent en thérapie, ce qui me confirme que le problème vient de moi.
1998 : le test officiel passé chez une psychologue confirme ce dont beaucoup de monde se doutait déjà, j'ai un QI de 145.
Je rencontre également cette année-là la première personne à m'accepter tel que je suis, un immigré russe dont personne ne veut s'approcher au lycée. Cette rencontre aura été la première pierre qui m'aidera à comprendre que mes valeurs, issues de mes lectures, sont justes, et que l'environnement dans lequel je vis est toxique.
2004 : je suis en BTS, et rencontre la fille "d'amis de famille", qui m'invite à venir découvrir l'art martial qu'elle pratique. Je suis subjugué et commence l'entraînement. Nul en sport, je m'accroche malgré les courbatures que je n'avais jusqu'alors jamais ressenties.
J'ai enfin ma première copine. On s'embrasse pendant deux mois. Elle me largue pendant les épreuves du BTS.
2005 : mon père se branle sur ma mère qui est aux toilettes et qui ne veut plus "dormir" avec lui depuis des années. Elle lui envoie un jet de gaz lacrymogène en plein visage, il la jette par terre. J'appelle la gendarmerie. Mon père fait une (fausse ?) tentative de suicide avant l'arrivée des gendarmes. Quelques temps plus tard, il prend un appartement et quitte la maison familiale.
Côté arts martiaux, j'encaisse mon premier KO, dans un combat d'entraînement, contre un 2e dan. J'ai quatre dents cassées. Ça m'est égal, je ne veux plus avoir peur et avoir la force de prendre le contrôle de ma vie, je continue.
Je pars en école d'ingénieur à l'autre bout de la France, pas parce qu'il n'y avait pas plus proche de ma famille, parce qu'il n'y avait pas plus loin.
Homme célibataire avec une connexion internet, je découvre l'univers pornographique. Je me sens vite attiré par le BDSM. La notion de prendre ou de donner le contrôle me parle énormément. Et imaginer une femme qui m'aime m'attacher et me mordre n'est rien à côté des lapidations que j'ai vécues à 6 ans par des groupes haineux, ou de l'image d'un homme de 100 kg (5 fois mon poids à l'époque), fonçant sur moi le poing levé.
2007 : je passe plus de temps à l'école de kung-fu qu'à l'école d'ingénieur. Je ratte 3 UV sur 7. Je passe en conseil et choisis de devenir professeur d'arts martiaux plutôt qu'ingénieur.
Je commence à travailler et mets un peu d'argent de côté.
2008 : mes amis de l'entraînement sont partis et j'ai fini ma mission d'intérim. N'ayant plus personne, je décide de revenir dans ma région natale.
Je reprends mon premier art martial et garde le kung-fu dans un nouveau club, où j'intègre le groupe des vétérans et rencontre pour la première fois ma compagne en fin de saison. On se cache ensemble lors d'un spectacle pour ne pas faire une technique que ni elle ni moi ne maîtrisons. Elle me plaît, énormément. Mais elle me dit devoir partir un an en Allemagne pour ses études. Notre club a un forum exactement comme celui-ci. J'attends son anniversaire pour lui envoyer un message.
2009 : elle a un petit-ami, mais elle me répond, et nous commençons à échanger. Beaucoup de choses nous plaisent à tous les deux. Nous avons beaucoup de valeurs en commun. Elle revient en France en juillet, et nous nous voyons plusieurs fois, amicalement (évidemment, j'avais plus en tête).
Septembre : elle retourne une semaine en Allemagne, et rompt avec son petit-ami le 9. Nous nous revoyons le 10 et nous embrassons pour la 1ère fois.
2011 : nous vivons ensemble, elle finit ses études pendant que je travaille. Un jour, elle trouve mes vidéos BDSM. Je n'avais jamais osé lui avouer ce fantasme. Après plusieurs mois très durs, elle essaie de s'y intéresser et nous faisons quelques essais, mais ça ne lui correspond pas. Nous convenons que je peux continuer à garder mes fantasmes avec des supports dessinés, mais pas de photos/vidéos réelles.
J'intègre l'équipe enseignante de mon club d'arts martiaux, et suis en charge du groupe des 10-14 ans, et de l'échauffement des adultes.
2012 : suite à un désaccord avec mon professeur, je quitte mon art martial phare et perds mon statut d'enseignant.
2013, 2015, 2017 : les naissances de nos enfants font voler en éclats notre vie intime.
2018 : ma compagne n'en peut plus de ne s'occuper que des enfants et de n'être qu'un "poids" dans notre famille. Je cherche des solutions, et lui trouve un travail de traductrice qu'elle peut faire en télétravail. Ça marche très bien, elle finit même par gagner plus que moi.
Étant bilingue et elle trilingue, nous décidons donc de pouvoir vivre notre vie n'importe où. Ayant tous deux grandi à la campagne, nous choisissons de quitter la ville et de chercher un beau cadre de vie pour élever nos enfants. Nous déménageons vers une région que nous aimons, en location.
2019 : nous trouvons une maison ancienne qui nous plaît, l'achetons, et je commence à travailler à sa rénovation.
Nos revenus de traduction baissent depuis quelques temps, en fin d'année ma compagne décide de prendre un travail en entreprise afin d'assurer des revenus plus stables.
2020 : janvier. J'ai depuis quelques mois manqué à ma parole sur les vidéos BDSM, et elle en trouve une sur notre ordinateur. Elle me dit que ça ne lui fait plus de peine, et que c'est dommage de nous enfermer dans une relation où nous ne pouvons vivre chacun·e nos fantasmes. Elle me propose donc de nous permettre de sortir de notre couple, afin de trouver ailleurs ce qu'il nous manque sur le plan sexuel. Par culpabilité et envie, j'accepte.
Une semaine après, elle est dans le lit d'un de ses collègues. Je vais sur des sites de rencontre spécialisés, mais je ne peux me résoudre à passer le cap. Je lui demande de tout arrêter. Elle me répond que si elle perd ce qu'elle a, elle m'en voudra énormément et on se séparera. Écrasé par ma responsabilité dans cette histoire, j'endure chaque jour afin de ne pas détruire notre famille.
Mars. Elle se fait virer de son travail mais continue à voir son ex-collègue. L'enfer continue.
Juillet. Elle trouve un travail comme serveuse dans un restaurant et fait la fête avec ses nouveaux collègues. Elle se détache de son amant.
Août. La compagne d'un de ses nouveaux collègues est hystérique. La mienne m'assure qu'il ne s'est rien passé, qu'ils ont juste discuté. Plus bas que terre, je ne cherche même pas à savoir.
Septembre. Son travail en restauration se termine, elle n'était engagée que pour la haute saison.
Nous reparlons de tout ce que nous avons vécu, et je lui fais part de ma volonté d'être fidèle, et de mes attentes à son égard. J'insiste sur le fait que si elle n'est plus heureuse avec moi, elle doit être honnête et nous devons nous quitter. Elle est d'accord, et nous restons ensemble.
2021 : la maison que nous avons achetée est fonctionnelle, pas finie, mais vivable. Nous y emménageons en juillet.
Septembre. Ma compagne n'en peut plus de notre quotidien et part trois semaines chez un ami, qu'elle fréquente depuis plusieurs mois.
Elle m'assure droit dans les yeux que ce n'est qu'un ami. Je le rencontre à plusieurs reprises et lui aussi m'assure droit dans les yeux n'être qu'un ami.
Jusqu'à la fin de l'année, beaucoup de détails m'interpellent, je lui en parle systématiquement, toujours la même réponse. J'aime cette femme, je veux lui permettre d'être libre dans le respect de notre couple, et ne veux en aucun cas être paranoïaque comme mon père. J'accepte donc ses explications.
2022 : février. Ma compagne doit aller à l'hôpital pour des "règles qui ne cessent pas". Je sens la paranoïa monter, mais je refuse de la laisser prendre le dessus.
Avril. Ma carte bleue a été piratée. Je lui demande la sienne et son téléphone pour valider un achat en ligne. Au lieu du code de confirmation, arrive un sms de cet ami, qui l'appelle "ma femme".
Je la confronte. Elle m'avoue coucher avec lui depuis septembre dernier, et que son hospitalisation était un avortement maison raté. Je me contiens comme je peux, la pousse à faire une thérapie de couple pour sauver notre famille, et lui demande de rompre tout contact avec cet homme, ce qu'elle mettra des mois à faire.
Juin. Elle commence un nouveau travail de serveuse dans un bar à vin et à tapas.
Septembre. En thérapie de couple, elle me dit ne plus vouloir vivre de double vie, vouloir arrêter de mentir et être honnête envers moi.
Son travail se finit tard, et elle est très souvent fatiguée en journée.
Novembre. Elle s'est fait un ami de 20 ans de plus qu'elle à son travail, et me demande de rester dormir chez lui de temps en temps pour être moins fatiguée.
Je rencontre cet homme, à qui elle a parlé de notre histoire, qui m'affirme n'être qu'un ami en tout bien tout honneur, et que le plus important pour lui est notre famille, que jamais il n'irait mettre la m€rd€ dedans.
2023 : nous avons les derniers rapports intimes de notre vie en août.
Durant tout l'automne je la sens s'éloigner, et à chaque fois que j'aborde le sujet la même rengaine revient.
15 décembre. Elle me dit être en retard sur ses règles.
19 décembre. Elle me dit qu'elles sont arrivées.
20 décembre. Je n'en peux plus. Je ne la crois pas. Elle est partie emmener les enfants au basket. Je fouille un sac dans lequel elle garde des papiers concernant un projet d'ouvrir son propre bar. Je tombe sur une lettre d'amour. Je fonce au basket récupérer nos enfants, et lui dit de récupérer ses chiens et de partir.
Nous arrivons à la maison les premiers, elle 5 minutes après. Elle n'y croit pas. Elle reste face à moi, sans vouloir bouger. Je perds mon sang-froid et commence à l'insulter devant nos enfants. Elle reconnaît avoir couché avec cet homme depuis des mois. Je ne veux pas en savoir davantage, je veux qu'elle parte. Ne plus la voir. Jamais. Elle a détruit toute confiance que j'avais envers les autres. Lui aussi. Les enfants ne comprennent pas ce qu'il se passe. Ils pleurent tous les trois. Je lui dit qu'elle est un poison et que la pire erreur de ma vie aura été de me mettre avec elle. Elle me répond juste qu'elle n'a pas eu le courage de me l'avouer.
Je suis en miettes. Je ne peux plus écrire.