Je suis inscrite sur Gleeden, je peux vous en parler

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

Modérateur : Eugene

Règles du forum
Forum ouvert aux invités. il est possible d'envoyer un nouveau sujet ou de répondre sans être inscrit. Votre message sera posté, mais requierera l’approbation d’un modérateur avant d’être rendu visible publiquement. Merci de votre compréhension.
Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.
Répondre
Avatar du membre

Auteur du sujet
Sans Prétention
Modérateur
Modérateur
Messages : 3886
Enregistré le : jeu. 5 mars 2015 19:32

Je suis inscrite sur Gleeden, je peux vous en parler

Message par Sans Prétention »

J’ai eu vent de la plainte des Associations familiales catholiques contre Gleeden.

Après la Manif pour tous, revoilà la religion venant au secours de l’union sacrée du mariage, du couple (hétérosexuel c’est mieux) et de la famille.

Au moment où le repli communautaire et religieux semble être un moyen d’assurer ce que les institutions dites « républicaines » n’arriveraient plus à garantir, il est intéressant d’observer comment la religion vient au secours des principes fondateurs de la nation…

Pour autant, je ne prendrai pas forcément la défense de Gleeden.
Ce fameux site de rencontres extra-conjugales reste le symptôme d’une époque où la virtualité guide les modes de vie. Il a sans doute été mis en place, au sortir d’une grande école, par quelques personnes désireuses de mettre sur le marché une marchandise faussement subversive pour faire fructifier leur capital. Et récupère des comportements qui ont cours depuis que le monde est monde.

J’ai la quarantaine et suis en couple depuis huit ans. J’habite en banlieue parisienne et exerce une profession pour laquelle je n’ai pas de passion particulière.

Je ne me suis jamais prise pour une princesse, je n’ai jamais éprouvé le désir de posséder une maison, un chien, une grosse automobile et des enfants. En résumé, je me désintéresse de toutes ces représentations qui ornent les vies standardisées.

Certaines de mes amies pourraient dire que je n’ai pas de projet. De leur point de vue, c’est sans doute vrai. Mes aspirations ont toujours été plus grandes qu’acquérir un statut social mais, chaque jour, je suis bien obligée de composer avec cette société.


Dans le silence du dimanche après-midi

Depuis quelques temps, quand la télé est éteinte et que je tiens un livre ouvert dans le silence du dimanche après-midi, me reviennent à l’esprit tout ce que mon compagnon et moi avons laissé s’échapper, et qui semble désormais ne plus faire partie ni des préoccupations ni des priorités de notre couple, que je perçois comme une structure où le sentiment d’appartenance et de propriété mènent trop souvent la danse. Chacun dans son rôle, on finit par ne plus échanger sur l’essentiel mais principalement sur des questions logistiques.

On se retrouve pendant de courtes périodes de loisirs, brefs moments de respiration qui ne résolvent pourtant rien des questions fondamentales qu’avec le temps, plus personne ne pose.

J’aurais aimé pouvoir parler à mon compagnon, lui expliquer que j’ai besoin de me confronter à d’autres, de rencontrer des personnes différentes avec qui échanger sur ce qu’elles vivent, ce qu’elles savent, ce qu’elles ressentent, et faire l’amour si mon corps m’y pousse.

Mais comment dire cela sans arriver immédiatement sur des questions d’exclusivité et d’interdépendance, des mœurs et de la morale communes ? Il m’aurait rétorqué qu’il suffirait de développer ma conscience en restant à la maison avec un bouquin ou de faire du vélo ou du yoga. Sauf que si autant d’êtres que moi rencontrent les mêmes besoins, ce même impératif, comment le faire taire ?

Voilà pourquoi je me tais et me cache pour aller chercher ce dont j’ai besoin, en silence et en secret, ceci parce que malgré tout ce que nous traversons et qui fait aussi partie de la vie, j’aime mon compagnon avec qui j’entretiens une grande complicité depuis de nombreuses années.


Plus « humain » qu’on pense

Sur Gleeden, chacun fonctionne comme il le souhaite. On commence à effectuer une recherche selon certains critères qui, finalement, sont assez succincts, on envoie un message à une personne qui a retenu notre attention, puis on échange par message, ou via le tchat qui est un outil plutôt utile à ceux qui sont connectés, qui ont du temps et recherchent quelqu’un qui serait disponible dans l’immédiat.

Les propositions peuvent être assez cash, mais c’est rare. La plupart du temps, c’est très cordial. Les hommes essaient d’engager la conversation, semblant quand même assez déçus lorsqu’on ne leur répond pas, sans doute parce que beaucoup de leurs sollicitations restent lettre morte. Mais il n’y a pas de vexation quand on répond à quelqu’un en lui expliquant qu’il n’est pas notre type d’homme après avoir discuté plus avant et découvert sa photo. Les gens savent pourquoi ils sont là. Ce qu’ils attendent, c’est de la clarté. En résumé, il y a quand même peu de duplicité ou de manœuvres.

C’est bien plus « humain » que ce à quoi on peut penser a priori, ou à ce que Gleeden laisse entendre avec ses femmes croqueuses d’hommes, et ses mecs ouverts à tout... J’ai déjà entendu des hommes plutôt choqués de voir que certaines femmes viennent littéralement les consommer, même si ce type de comportement semble rare. Il me semble que la majorité des hommes n’a pas envie d’être prise pour un objet, et qu’ils n’envisagent pas les femmes comme telles.


Pisté via une application iPhone

Mais il y a aussi de la tristesse. Le site est froid. Les gens cherchent des affinités selon des profils volontairement assez succincts, affichant des paramètres qui peuvent ramener les personnes à l’état d’objets plus ou moins bien mis en valeur selon qu’ils sont doués ou plutôt mauvais à ce jeu-là. Ensuite, via les messages ou les e-mails que les personnes s’échangent, on se zappe, se jette parfois sans concession, on ne se répond pas, même si c’est très rarement de manière impolie. En résumé, on peut tendre à adopter un comportement de « consommateur » comme partout ailleurs.

Les gens qui sont là me semblent n’être pas heureux en couple sans pouvoir pour autant en sortir, qu’ils soient mariés pour la première ou la deuxième fois. La relation extra-conjugale permet de trouver du plaisir, sans engagement il est vrai (et encore, cela dépend du type de relation qu’on peut finir par nouer avec un amant, une maîtresse), comme dans une sorte d’ersatz de réappropriation de soi.

On essaie de se redonner une joie de vivre dans une sphère, un jardin, une zone parallèle dégagée de toutes les obligations. Ce qui est triste, c’est que nous soyons contraints de duper, de mentir, de trahir, de tenir un discours qui va dans le sens du travail, de la famille, de la patrie, de ces mœurs qui vont, quoiqu’on en dise, à l’encontre du plaisir. Personne ne fuit les responsabilités puisque nous les assumons par ailleurs. Ce qui est triste, c’est de constater tant de solitude dans les couples, dans les familles, le manque d’affection, de temps, de rencontres et de rapports avec les autres.

J’ai rencontré C. il y a quelques mois, après quelques échanges sur Gleeden. On a fait connaissance dans un café où j’avais donné rendez-vous à plusieurs hommes avant lui. L’un s’était fait pister par sa femme via une application iPhone qui permet de savoir où son téléphone se trouve en temps réel, et disait ne plus pouvoir être libre de ses mouvements. L’autre était un ingénieur de quelques années plus jeune que moi, hyper féru de photographie et autres occupations culturelles, ayant mis assez d’argent de côté pour investir dans des « start-up cotées sur des marchés d’avenir ».


Le téléphone sur silencieux

J’avais aussi rencontré un prof avec qui nous nous étions rendus un soir dans son petit appartement envahi de bouquins. Un grand mec possédant deux faces, l’une intellectuelle et l’autre sexuelle, passant du sérieux au sourire selon que le sujet de notre discussion circulait de l’un à l’autre, comme si l’association de ces deux faces de l’existence était impossible. On s’était embrassés comme je ne me souvenais plus l’avoir fait depuis longtemps et on avait fait l’amour, puis on avait notamment discuté des femmes qu’il voyait régulièrement. Des femmes seules avec un ou plusieurs enfants à charge, ou bien en couple avec un compagnon pour qui elles n’éprouvaient plus grand-chose, mais qu’elles ne voulaient/pouvaient pas quitter pour des questions de dépendance affective ou économique.

Je ne peux pas dire que ces rencontres m’ont pris du temps, ou que j’en ai perdu. Chacune d’elle était intéressante, chaque homme respectueux et touchant. Il est évident que nous cherchions surtout à retrouver des échanges et du plaisir qui n’avaient plus court dans nos couples, à les éprouver à nouveau, et que cela ne pouvait se faire qu’à travers la découverte de nos inconnues respectives. En bref, on était des êtres ouverts à une relation charnelle qui s’invitent à s’écouter, s’apprécier et laisser monter leur désir.

C. est un homme intelligent et tendre. Très rapidement, nous avons discuté de cette nécessité que nous avions éprouvée de sortir de la quotidienneté du couple, mais aussi du désarroi que nous avions à devoir nous cacher. On aurait aimé se retrouver avec des amis autour d’une bière pour discuter de tout ce qu’on pouvait échanger entre nous sur tout un tas de sujets ; ces visions que nous avons du monde, ces lectures qui nous passionnent, ces films qui nous enthousiasment, nous nourrissant simplement les uns des autres.

Car cette quête, ces échanges, ne sont pas uniquement centrés sur la jouissance sexuelle, même si c’est aussi cela qui guide nos pas lors de ces après-midis où l’on se retrouve plus d’une heure. On joue avec ce qu’on ne s’autorise plus chez soi, avec ce que la vie quotidienne qualifie désormais de futile. Le téléphone sur silencieux, on continue de recevoir des messages qui nous demandent de ne pas oublier le pain, d’aller chercher les enfants, de penser à appeler les copains pour dimanche.


Aucune culpabilité

Durant ces instants, je ne ressens aucune culpabilité d’être là où je suis, au sein d’un univers et d’un temps privilégié dont j’ai largement mérité la sérénité, qui me permet d’éprouver une paix et une jouissance aussi vives qu’elles sont simples dans la mesure où elles me pourvoient en ce qui m’est indispensable sans rien n’ôter à personne. Depuis quelques temps, j’ai retrouvé une certaine plénitude qui me permet d’appréhender avec plus de sérénité tout ce à quoi je dois faire face, qui me donne plus de force et d’assurance pour évoluer.

Bien sûr, il y a les moralisateurs qui rappellent les engagements et les obligations. Je les entends et y réponds chaque jour, m’y pliant sans faille – en assurant les tâches quotidiennes avec mon compagnon. Je sais que ces petits bonheurs sont fugaces, mais je ne cesse de penser qu’en les arrachant, je pose aussi ces questions essentielles :

- de quoi et pourquoi avons-nous tant besoin des autres ?
- La structure de la société et les mœurs actuelles sont-elles idéalement conformes à nos êtres profonds ?
- Peut-on vivre toujours avec la même personne, une seule personne à la fois ?
- Pour quel motif le couple est-il le format du seul et imparable modèle dominant, ceci malgré les multiples frustrations et le nombre grandissant de ses échecs ?

Si le couple homosexuel et la procréation médicalement assistée semblent être aujourd’hui le summum de ce qu’il faut institutionnaliser d’urgence, avec ou sans loi pour le vivre, depuis combien de temps les gens qui s’aiment cherchent des solutions pour vivre ce qu’ils sont, ceci en outrepassant la norme, la morale et les valeurs dominantes, simplement pour accéder à eux-mêmes, plus heureux, un peu plus libre ?

Je ne pense pas qu’une aventure extra-conjugale soit le summum d’une réponse à ces questions.

Ce type de relation est simplement ce à quoi on peut accéder quand on a besoin d’être avec ces autres qui nous offrent ce qu’ils sont et nous subjuguent, nous permettant de reconstituer ce que la soumission à toutes les obligations, la banalité et la solitude du quotidien étiolent ; ces éléments essentiels que nous oublions avec le temps et sa répétition ; nous-même et notre besoin des autres.


Source
Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
Avatar du membre

igore38
Cornes de Bronze
Cornes de Bronze
Messages : 48
Enregistré le : lun. 11 janv. 2021 15:01
Mon histoire : viewtopic.php?t=4422

Re: Je suis inscrite sur Gleeden, je peux vous en parler

Message par igore38 »

Intéressant cet article.

Et comme d'habitude quand on a affaire à ce genre de "témoignage" il y a énormément de trucs qui me choquent :

- un vague rappel de l'histoire de l'interviewé, mais bien sûr sans parler de son fort probable passif compliqué.
- un discours toujours très égocentré avec cette apparition récurrente du mot "besoin", comme si céder à ses pulsions était quelque chose de normal et que sous prétexte que l'on en a "besoin", on en a le droit.
- toujours un rappel aux normes de la société, ce carcan qui soit-disant nous enferme. Mais qui nous enferme à part soi-même en fait ?
- dans le même acabit, un raisonnement qui se veut philosophique et psychanalytique sur le sacro-saint "être profond" reposant bien évidemment sur des conjectures inexistantes à la base...
- cette précision dans le besoin de nouvelles rencontres. Comme si évidemment rencontrer des nouvelles personnes et élargir ses horizons ne pouvaient se faire que dans un cadre adultère...
- bien sûr aucune culpabilité. Aucune pensée pour l'être que l'on trahi et que l'on va détruire. Alors qu'ironie magnifique dans cet article, qui rappelle que l'on a besoin des autres. Ouais sauf que dans ce témoignage, la madame elle s'en tamponne bien de l'autre :D

Il est in fine assez affligeant de voir que l'humain est capable d'écrire de jolies choses (enfin jolies, disons que c'est pas trop mal écrit) en partant d'un constat qui est assez abject au départ.
Avec cette même logique, on pourrait donner la parole aux violeurs, ça aurait le même aspect en justifiant ça par le besoin et la société qui nous enferme dans la bienpensance. :bonk:
Avatar du membre

Fishbone
Cornes d'Or
Cornes d'Or
Messages : 309
Enregistré le : dim. 14 déc. 2014 19:31

Re: Je suis inscrite sur Gleeden, je peux vous en parler

Message par Fishbone »

Pas très sexy tout ça au final.

Du coup, j'ai voulu m'inscrire. Mais bon, le formulaire est si compliqué à remplir, qu'à la question date de naissance, j'ai laissé tomber :fou: :petard:

Vu que je suis en période de rien du tout, que je m'emmerde, je suis limite à m'y inscrire.

Imagine, tu fais le Zorro de ce site. Genre chauffer une Madame, aller au rendez-vous, et lui faire passer la plus merdique des soirées possibles, avec grosse morale juste avant de passer à l'acte.

Après les brouteurs, on invente les ruminants. Les vampires de cocufieurs :cocu: :cocu: :cocu:
« On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une », Confucius.
Répondre