Interviews et témoignages : infidélité, pourquoi trompe-t-on ?

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

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Sans Prétention
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Interviews et témoignages : infidélité, pourquoi trompe-t-on ?

Message par Sans Prétention »

Tolérée, décriée ou vantée, l’infidélité fait aujourd’hui le bonheur des créateurs d’entreprises. Avec la multiplication des sites de rencontres dédiés à l'infidélité ou les hôtels qui proposent des tarifs spéciaux pour des 5 à 7 discrets, l’infidélité s’est fait une place au soleil. Mais pourquoi trompe-t-on ? Sommes-nous égaux face à l’infidélité ? Et peut-on tromper tout en étant amoureux ? Le point sur l'infidélité avec nos spécialistes.

L’infidélité se porte bien

Difficile de trouver des chiffres précis et de réaliser des études concrètes sur l’infidélité. Les personnes interrogées ont tendance à mentir et à ne pas avouer leurs aventures extraconjugales. Mais un sondage Ipsos de novembre 2010 réalisé pour le site « Gleeden » révèle que l’infidélité en France se porte plutôt bien ! Dans un premier temps, l’étude révèle que 37 % des Français en couple ont été ou pourraient être infidèles. Chez les femmes, 30 % avouent avoir trompé ou pouvoir tromper leur conjoint lorsque chez les hommes ils sont 44 %. Les raisons invoquées ? Par amour ou désir pour une autre personne (49 %), pour vivre une expérience différente (27 %) ou encore pour s’accorder une parenthèse dans sa vie de couple (14 %). En ce qui concerne la propension à pardonner l’infidélité de son conjoint, plus d’une personne sur deux (58 %) se dit apte à passer l’éponge. Les hommes semblent moins rancuniers puisque 62 % d’entre eux déclarent pouvoir excuser le pas de côté de leur moitié contre 54 % chez les femmes.

Le travail, lieu de prédilection de l’infidélité

Même si aujourd’hui les moyens pour trouver un amant ou une amante se sont multipliés, le lieu de travail semble rester le meilleur endroit pour tromper (29 %) contre 21 % pour les sites de rencontres. L’infidélité ne serait donc pas seulement une question de progrès technique mais suivrait tout naturellement l’évolution de la société. Lorsqu’on sait qu’à une certaine époque le mariage était fondé sur d’autres finalités que l’amour (organisation de la société, transmission du patrimoine), la femme faisait forcément preuve d’une fidélité absolue puisqu‘elle risquait d’être châtiée, bannie, jetée en prison ou même assassinée. Mais depuis la loi de 1975, en France, les époux infidèles sont égaux devant la loi et l’adultère n’apparaît plus que comme un grief et non plus comme une cause péremptoire.

L’avis de la psy, Virginie Ferrara

ELLE.fr. Peut-on définir la notion de fidélité ?

Virginie Ferrara. La notion de fidélité peut être définie différemment selon chaque individu. Il y a tout d’abord la fidélité face à ses propres besoins et envies et celle envers son ou sa partenaire. L’homme ou la femme peut choisir de répondre à ses désirs et ses pulsions et ainsi se rester fidèle. Mais il peut aussi ne pas céder aux tentations et être fidèle à la personne qu’il a en face. On peut observer chez l’homme, beaucoup plus que chez la femme, une facilité à distinguer la fidélité sexuelle et la fidélité affective. Un mari ne va ressentir aucune culpabilité lorsqu’il ira voir ailleurs contrairement à la femme qui associe le plus souvent sexe et sentiments.

ELLE.fr. Quel est le lien entre le sentiment amoureux et la notion de fidélité ?

Virginie Ferrara. Le sentiment amoureux et la fidélité vont en général de paire et constituent l’élément fondateur du couple. La recherche de l’amour passe souvent par une recherche de l’homme ou de la femme idéale dans un schéma œdipien. L’homme ou la femme va tenter, inconsciemment, de trouver un partenaire en partie identique à l’image du père ou de la mère. Ce qui peut poser certains problèmes par la suite. Les individus peuvent avoir l’impression de vivre une relation incestueuse et créer alors un clivage entre « la mère » (sa partenaire) et la « putain » (sa maîtresse) et devenir infidèle.

ELLE.fr. Pourquoi trompe-t-on ?

Virginie Ferrara. Une fois ce clivage installé entre « la mère » et « la putain » l’homme ne va plus pouvoir assouvir ses besoins et envies sexuels avec sa femme. Il va ainsi se tourner vers des maîtresses voire des prostituées. La femme aussi peut créer un clivage entre « le père » et « l’amant » et ainsi jouer le rôle de la mère avec son partenaire et chercher du plaisir sexuel avec un autre homme.On rencontre aussi ce qu’on appelle le « Donjuanisme » : l’homme va aller chercher dans les bras d’une autre un amour impossible à combler. On retrouve ce cas de figure lorsqu’enfant l’individu a manqué d’estime de la part de ses parents ou a vécu un abandon. Mais il ne va pas forcément passer à l’acte. Ce qu’il recherche c’est surtout le désir de la conquête et non la possession du corps. Lorsque le couple ne communique pas suffisamment et qu’il se retrouve dans le tourbillon du quotidien (travail, corvée ménagère, fatigue), l’un des deux individus va faire des appels de pied et essayer de faire comprendre ses envies, ses besoins ou son mal être à l’autre. Mais ce dernier, incapable de recevoir ces signaux, va inconsciemment pousser l’autre à le tromper.

Le point sur l’infidélité avec Charlotte Le Van*, docteur en sociologie


ELLE.fr. Comment l’infidélité est-elle perçue en France aujourd’hui ?


Charlotte Le Van. L’infidélité est très mal perçue aujourd’hui. Les Français sont même plus intransigeants face à l’infidélité que dans les années 80. Alors qu’il y a une tendance croissante à tolérer l’homosexualité, la prostitution ou encore l’euthanasie, l’infidélité et la seule notion qui est décriée et condamnée encore plus violemment qu’il y a quelques années.

ELLE.fr. Peut-on à la fois être amoureux et infidèle ?

Charlotte Le Van. On peut tout à fait être amoureux et tromper son ou sa conjointe. Deux grands types d’infidélité sont identifiables : l’infidélité relationnelle, la plus répandue, qui se caractérise par une quête de ce qu’on ne trouve pas ou plus dans son couple avec d’autres partenaires. L’infidélité personnelle quant à elle renvoie à des individus qui sont infidèles « chroniques » ou « par principe ». L’infidèle « chronique » peut très bien être amoureux mais avoir des aventures éphémères qui sont pour lui inévitables. Souvent ce type d’infidèle a des comportements addictifs (alcool, tabac) et ne peut s’empêcher de multiplier les relations extraconjugales tout en étant amoureux de son ou sa partenaire. L’infidèle « par principe » se vit comme un hédoniste qui veut profiter des plaisirs de la vie. Il préfère être fidèle à ses principes plutôt qu’à la personne qui partage sa vie. Deux infidèles « par principe » peuvent vivre ensemble, être heureux et amoureux tout en ayant différents partenaires sexuels. C’est le cas des couples échangistes ou des libertins par exemple.

ELLE.fr. Y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes face à l’infidélité ?

Charlotte Le Van. L’infidélité féminine est encore plus mal perçue que celle des hommes. Dans la conscience collective, lorsque la femme trompe elle engage forcément des sentiments et met donc en péril son couple et son foyer alors que c’est totalement faux. J’ai rencontré des femmes qui de part leur parcourt difficile (abus sexuels ou maltraitances) dissocient sans problème le sexe des sentiments. Elles peuvent avoir une relation d’un soir parce que l’occasion s’est présentée sans tomber amoureuse. Mais cette réprobation de la part de la société a fait son chemin c’est pour cela que la culpabilité est plus importante chez la femme que chez l’homme lorsqu’il y a adultère.


* « Les quatre visages de l’infidélité en France, une enquête sociologique », éd. Payot.


Témoignage : Laure, 26 ans, en couple

« Je ne suis pas devenue infidèle par hasard. Un an après l'avoir rencontré, mon mec est parti vivre à l'étranger, on arrivait à se voir tous les quinze jours, trois semaines. J'ai réussi à tenir une année à ce rythme. Mais lorsqu’on est jeune et qu'on désire croquer la vie à pleine dents, il devient difficile de ne pas succomber à la tentation. Un jour, j'ai dit oui au coup d'un soir. C'est le point de départ de mon infidélité chronique. La situation m'a excitée tout de suite. Cet homme était au courant de ma situation, lui était célibataire, on était d'accord sur le même point : s'envoyer en l'air. Le principe était « quand on veut, quand on peut ». Tout à coup, j’existais à nouveau sexuellement. Je me sentais désirée. Puis, il a rencontré quelqu'un, on a arrêté cette relation. C'était le deal de départ. Je me suis mise en quête d’un nouvel amant. Je vivais avec mes « plans cul » ce que je ne pouvais pas vivre avec mon mec qui était loin. On couchait dans des endroits insolites, ils m’emmenaient dans des hôtels. Je prenais mon pied avec l’excitation en plus. L’excitation d’une situation nouvelle à chaque fois. Une fois, un de mes amants est tombé amoureux, moi je ne l’étais pas, j'ai coupé court à cette relation. A aucun moment, je n'aurais quitté mon mec. Je l’aimais. »

Julien, 40 ans, marié, deux enfants

« Une chose est certaine, si je trompe ce n’est pas pour le fameux « je vais chercher ailleurs ce que je n'ai pas chez moi ». Dans mon cas, il y a d'abord un point de départ fondamental : je suis coquin, très coquin. Une fois dit ça on fait quoi ? Je suis marié, ça aurait pu me calmer, m'assagir ? Mais non... Je suis heureux dans ma vie mais voilà j'ai besoin de plus, plus de frissons, de piment, de partenaires... J'ai ce besoin irrésistible de vouloir regoûter à la « première fois », ce besoin de séduire, le premier baiser, les premières caresses, les premiers ébats, tous ces moments qui se conjuguent au passé quand ta vie devient très rangée, routinière.

C'est peut être aussi un moyen de se dire qu'on ne vieillit pas, que la première fois c’est quelque chose qu'on peut redécouvrir à tout moment de sa vie. C'est en moi, c'est ainsi, j'ai ce besoin d'adrénaline, de frissons et de plaisirs, j'en connais les risques, je les assume, je veux vivre et assumer tout simplement en grand coquin que je suis.L'extraconjugal me permet aussi de découvrir des aspects non explorés dans le passé, faire des bêtises dans des lieux insolites, avoir plusieurs sex-friends, ici et là en fonction des disponibilités. Je ne cherche pas l'amour, ou une vie parallèle faite de sentiments. Je veux profiter, prendre beaucoup de plaisir. Je suis ainsi... ».

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Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
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Sans Prétention
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Re: Interviews et témoignages : infidélité, pourquoi trompe-t-on ?

Message par Sans Prétention »

Les raisons invoquées ? Par amour ou désir pour une autre personne (49 %), pour vivre une expérience différente (27 %) ou encore pour s’accorder une parenthèse dans sa vie de couple (14 %).
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