Quelle définition de l’infidélité avez-vous ?

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

Modérateur : Eugene

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Eugene
Cocu de garde
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Quelle définition de l’infidélité avez-vous ?

Message par Eugene »

Si pour certaines personnes, le sens de ce mot est des plus évidents, pour d’autres, il varie et dépend des situations. Un simple regard peut être considéré comme une haute trahison quand un coup d’un soir peut être perçu comme une petite erreur de parcours. Quelle est votre position sur la question, qu’est-ce qui relève de l’infidélité selon vous ?

Pour le Larousse, l’infidélité renvoie directement à l’absence même de fidélité, de respect à un engagement. Pire encore, elle est synonyme de déloyauté et de trahison. En apparence simple de compréhension, cette définition varie selon le cadre dans lequel nous l’utilisons. Par exemple : Dans le domaine du sentimental, les limites de la fidélité varient perpétuellement et donc la définition de l’infidélité aussi. En fonction des individus et des couples, la perception de l’adultère change. Pour certains, un regard est jugé comme répréhensible quand pour d’autres, un baiser est pardonnable.

A partir de quel moment trompe-t-on l’autre ? Qu’est-ce que l’infidélité selon vous ?

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Those who talk behind my back, my ass contemplates
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Sans Prétention
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Enregistré le : jeu. 5 mars 2015 19:32

Re: Quelle définition de l’infidélité avez-vous ?

Message par Sans Prétention »

On confond souvent fidélité (valeur) et monogamie (régulation sociale ou personnelle d'une pratique sexuelle).
Or, on peut être fidèle et polygame !

On confond aussi :

- Jalousie (sentiment vécu du côté de la personne - réellement ou fantasmatiquement - "trahie" qui peut devenir pathologique) et infidélité (action de trahison d'une valeur partagée faite par une personne qui rompt un accord).

- Adultère (infidélité au sein d'un couple, le plus souvent, à la teinte - l'atteinte ? - "morale*") et infidélité (qui englobe également l'adultère mais qui peut aussi s'exercer dans un cadre plus large : trahir sa famille, ses enfants, une confiance).
*Le "tu ne commettras point l'adultère" biblique est un principe religieux édicté à l'époque où... la loi autorisait (encourageait) la polygamie !

- Degré de tolérance à l'infidélité (sentiment vécu du côté du "cocu") et infidélité elle-même (l'acte de trahison du trompeur).

- Exclusivité et monogamie (qui peut être sérielle).

- Désir (immédiat et "polygame" pour le sujet qui nous intéresse) et besoin (de sécurité affective, de cadres poly ou mono), désir et infidélité (quand la confusion est faite, c'est une pathologie qui nait).



Camus disait "mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde".
On comprend pourquoi l'amour va si mal... :bonk:



"Le ou la novlangue (en anglais Newspeak) est la langue officielle d’Océania, inventée par George Orwell pour son roman 1984 (publié en 1949)1.

Le principe est simple : plus on diminue le nombre de mots d'une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir, plus on réduit les finesses du langage, moins les gens sont capables de réfléchir, et plus ils raisonnent à l'affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les gens stupides et dépendants. Ils deviennent des sujets aisément manipulables par les médias de masse".

Questionner le sens du mot "fidélité" après une trahison (avant, c'est du bon sens) revient à pratiquer une novelangue dans une société qui érige le plaisir en principe de vie aux allures de divertissement pascalien : "Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser".


a écrit : Si pour certaines personnes, le sens de ce mot est des plus évidents,
Il l'était...
Le langage s'érode et les principes suivent. Aujourd'hui, quelqu'un qui souhaite vivre sa monogamie sur le long terme est très souvent "à côté de la réalité", "jaloux pathologique" ou encore "has been" au nom d'une glorification d'une "fidélité à soi" basée sur un contresens.
Aucune fidélité ne s'exerce sur soi : elle est toujours reliée. Elle part certes de soi mais vers une extériorité. La démence sémantique est aujourd'hui sociétale.

Même dans la définition de Michel Onfray (apôtre du plaisir et de la sexualité dite "ouverte"), on retrouve les invariants traditionnels de la fidélité qui repose sur le pôle de contractualisation amoureuse :
"[La fidélité] n’est pas, pour moi, l’exclusivité sexuelle, qui suppose la propriété de l’autre, sa transformation en une chose dont on jouirait pour soi seul. La fidélité, c’est la mémoire incarnée. On est fidèle quand on tient ce pour quoi on s’est engagé. Infidèle quand on ne s’y tient pas. A charge pour chacun de ne pas promettre plus qu’il ne peut tenir."

"Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté." Confusius.
On n'est plus libre, aujourd'hui, de choisir la monogamie qui dure. On est "libre" de choisir les aventures sans lendemain ou de se faire "avoir".
Hier imposée et violente, aujourd'hui démodée et insolente, la "fidélité" dans son sens le plus commun a perdu de son sel.


a écrit : pour d’autres, il varie et dépend des situations.
Faire varier le sens d'un mot selon les situations... Voilà une option intéressante...
"Tous les animaux sont égaux. Mais certains sont plus égaux que d'autres". G. Orwell.


a écrit : Un simple regard peut être considéré comme une haute trahison
Ceci est de la jalousie maladive.
Et cela se soigne.
Parfois le regard est un simple regard.
Parfois il est moins neutre et signifie un désir.
Le désir ne se tue pas. Il se dompte. C'est ce que la psychanalyse appelle le "principe de réalité".
Parfois il se sublime.
Céder à tous ses désirs, ne tue-t-il pas le sublime ?


a écrit : quand un coup d’un soir peut être perçu comme une petite erreur de parcours.
Ceci n'est pas une définition de l'infidélité mais une manifestation du degré de tolérance à l'infidélité.
"Coup d'un soir" est une infidélité (faite par le cf) pendant que "petite erreur de parcours" est une manière d'envisager cette infidélité (envisagée par le cf. Et si le "cocu" s'accorde avec cette vision, il y a moins de souffrance. En cas de divergence, la perversion - retournement des valeurs - n'est jamais loin).

Cas extrêmes : "un coup d'un soir" n'est pas une infidélité pour un libertin. Elle le devient cependant si il n'a pas été contractualisé (caché) alors que le contrat passé entre les libertins était de "tout se dire" (infidélité au principe de transparence).
A l'inverse, parler de ce "coup d'un soir" comme d'un moment intense alors que le contrat précisait de ne pas perler de ses aventures "à la maison" est une infidélité par rapport à ce qui a été décidé dans le couple légitime.
Il n'y a pas de variation du concept.


a écrit : Quelle est votre position sur la question, qu’est-ce qui relève de l’infidélité selon vous ?
Ma position est celle de la rousse d'en-dessous.


a écrit : Pour le Larousse, l’infidélité renvoie directement à l’absence même de fidélité, de respect à un engagement. Pire encore, elle est synonyme de déloyauté et de trahison.
Dans les tribus archaïques, dans le cadre de la polygamie (régulation sociale des pratiques sexuelles), les hommes ayant 7 femmes sont, en principe, fidèles aux 7.
L'écart avec une 8ème donzelle de passage, dès lors qu'il n'est pas "légitime", provoque la colère des 7 "laissées sur le carreau".
C'est étonnant, mais c'est ainsi. La violence du système réside dans la non réciprocité du principe dans une société de type patriarcal : l'homme n'est jamais puni pour infidélité (alors que l'infidélité a bien eu lieu, la tolérance de la société à l'avantage de l'homme revêt des allures de violence symbolique faite aux femmes).

Chez les libertins, on est fidèles de coeur mais pas nécessairement de corps.
Toutes les aventures sexuelles sont bien vécues, voire recherchées, en accord avec les règles du couple et du milieu.
Lorsque des partenaires légitimes, choisis, couchent avec d'autres personnes, il restent fidèles à l'accord passé, et fidèles à leurs principes.
Il n'y a donc pas infidélité au sens strict du terme puisqu'il n'y a pas de déloyauté envers le contrat passé entre deux personnes.
Les libertins ne sont donc pas infidèles (ils ne trahissent pas de principe) mais s'expriment sexuellement dans une polygamie (régulation personnelle des pratiques sexuelles) contrôlée.

On cependant être infidèle et libertin : en ayant des aventures cachées alors que le "contrat" initial prévoyait une transparence absolue ou en commençant à ressentir de l'amour envers une personne régulièrement rencontrée dans le milieu... Le contrat, par exemple, ne prévoyait que l'échange de corps et pas de sentiment...

Chez les polyamoureux, on est d'accord pour partager son coeur et son corps entre plusieurs personnes. Il n'y a pas de trahison ni d'infidélité puisqu'aucun des deux partenaires n'est "trahi"... Tout au plus, diront les bien pensants, il y a "adultère" (on enfreint les règles de la monogamie instituée).


a écrit : En apparence simple de compréhension, cette définition varie selon le cadre dans lequel nous l’utilisons.
Et ce cadre est donné par l'accord de deux personnes consentantes. Si une seule définit le "cadre" hors consentement, on appelle cela de la manipulation. Si elle revient sur le cadre donné, on appelle cela une trahison.
Seule la négociation permet de rester "fidèle" car elle est inclusive. Il n'est pas de fidélité qui tourne sur elle-même : elle est toujours reliée à une extériorité (une ou des autre(s) personne(s), des principes, des valeurs) et s'exprime dans la constance (voir définitions plus bas).

Pour Boileau, "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément".
On comprend mieux alors les discours creux et arides qui perdent le "trompé", une fois le pot aux roses découvert...

Le problème des discussions inutiles sur "qu'est-ce que la fidélité ?" après coup n'est qu'une échappatoire mesquine disqualifiée par le trompeur lui-même : s'il ne connaît pas les limites de la fidélité (les limites du contrat passé à deux ou à huit) pourquoi se cache-t-il ?
:fleur


Le problème de fond n'est pas tant de savoir si on a "fauté" ou pas (la cachotterie prouve la connaissance du franchissement des limites) mais pourquoi on n'a pas pu ou su résister. Ce que l'auteur de 1984 nomme le langage "politique" prend le pas sur la raison : "Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que du vent".

Un exemple d'arme de destructuration massive ? "Cétafote". :kelkon:


a écrit : Par exemple : Dans le domaine du sentimental, les limites de la fidélité varient perpétuellement et donc la définition de l’infidélité aussi.
Faux. Les gens varient. Le sens, lui, reste.
Et il contient les invariants conceptuels liés à la constance, la vérité (et un haut degré d'engagement moral).

Larousse :

Qualité de quelqu'un qui est fidèle, dévoué, attaché à quelque chose, à quelqu'un : Fidélité à un principe.
Qualité de quelqu'un qui est constant dans ses sentiments, ses affections, ses habitudes : Fidélité d'un ami. Fidélité d'une cliente.
Qualité de ce qui est conforme à l'exactitude, à la vérité, de quelqu'un qui s'y conforme : Fidélité d'un récit.
Qualité de quelqu'un qui ne manque pas à une promesse, qui ne trahit pas un serment : Fidélité à la parole donnée.
Fait, pour un conjoint, un partenaire amoureux, d'être fidèle à l'autre, et, en particulier, de ne pas commettre d'adultère : Fidélité conjugale.
Qualité de quelque chose qui n'est pas altéré au cours du temps : Fidélité de la mémoire.
Qualité d'un instrument de mesure qui, pour une même grandeur mesurée plusieurs fois, donne une même indication.
Concordance entre l'espace sonore perçu par un auditeur à l'écoute d'un haut-parleur placé à l'extrémité d'une chaîne électroacoustique et celui que l'on se propose de recréer au moyen de la prise de son.


En savoir plus sur http://www.larousse.fr/dictionnaires/fr ... 5zgiyEe.99


a écrit : En fonction des individus et des couples, la perception de l’adultère change.
Adultère (infidélité amoureuse sexuelle et/ou sentimentale) et infidélité (à une personne, un principe contractualisé, une valeur) ce n'est pas la même chose.
Et "perception de l'adultère" (degré de tolérance à l'infidélité) n'est pas définition du mot '"infidélité".
Monde confus, monde perdu :kelkon:


a écrit : Pour certains, un regard est jugé comme répréhensible quand pour d’autres, un baiser est pardonnable.
Le degré de tolérance à l'infidélité n'influe pas sur le sens du mot.
De plus, selon ce qui est contractualisé dans le couple, un baiser n'est PAS une infidélité.


a écrit : A partir de quel moment trompe-t-on l’autre ?
La réponse est dans la question.



"Apprendre à penser, à réfléchir, à être précis, à peser les termes de son discours, à échanger les concepts, à écouter l’autre, c’est être capable de dialoguer, c’est le seul moyen d’endiguer la violence effrayante qui monte autour de nous." Jaqueline de Romilly
Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
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Mitsou78
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Re: Quelle définition de l’infidélité avez-vous ?

Message par Mitsou78 »

La tromperie correspond au moment ou l'on se trompe d'interlocuteur, de confident, de façon cachée et culpabilisante.
L'infidélité est une forme de continuité de la tromperie lorsqu'elle devient à minima nécessaire, que la relation devient nécessairement cachée, intimiste pouvant amener à l'adultère / le cocufiage de part une relation emprise de sentiment vers le nouvel interlocuteur aux dépends de la ou le partenaire à l'initial du contrat passé, allant je pense, et quasi tous les témoignages ici, en font état, au passage à l'acte transgression ultime de la relation bien souvent moralement entachée...
Ce fameux passage à l'acte, même si les études tendent à vouloir créer une différence de perception entre homme et femme, reste semble t-il ce qui blesse au plus profond, ce qui marque l'irrespect et le détournement ultime des sentiments, ce qui nous amène à partager ici.
Enfin il me semble...
L'amour ne se fait bien que l'après-midi. Onze fois sur dix, l'adultère découle du fait que les époux se fréquentent seulement le soir. F. Dard
Pour une femme adultère, le premier amant seul compte, après ils ne se comptent plus. HF Amiel
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