l'enfant thérapeute

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

Modérateur : Eugene

Règles du forum
Forum ouvert aux invités. il est possible d'envoyer un nouveau sujet ou de répondre sans être inscrit. Votre message sera posté, mais requierera l’approbation d’un modérateur avant d’être rendu visible publiquement. Merci de votre compréhension.
Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.
Répondre
Avatar du membre

Auteur du sujet
Elemiah

l'enfant thérapeute

Message par Elemiah »

source ; http://www.lexpress.fr/styles/psycho/en ... 27710.html


Face à des parents dysfonctionnels, certains enfants développent une dynamique de consolation. Un mécanisme aliénant qui devient souvent leur seule façon d'interagir avec autrui et de se sentir aimé à l'âge adulte. Décryptage.

Manon ne s'explique pas pourquoi les hommes qu'elle rencontre sont toujours immatures, la contraignant à assumer auprès d'eux une figure d'autorité qu'elle refuse pourtant. De son côté, Hugo ne se sent attiré que par des femmes fragiles ou dépressives. Il voudrait en être aimé de façon adulte mais il se sent toujours obligé de les prendre en charge.

Lorsque Manon ou Hugo entrent dans le cabinet du psy pour comprendre ce qui conditionne aussi fortement leur vie affective, ce ne sont pas que deux adultes qui entrent dans la pièce. Assis à côté d'eux, il y a un petit garçon ou une petite fille du passé qui se trouvent emprisonnés dans sa propre histoire.

Comment exister quand son parent à du mal à exister lui-même?
Le fait de devenir parent n'éradique pas les carences, lacunes et blessures de celui et celle qui accueille un enfant au sein de son foyer. C'est bien baigné dans le climat psychique de chaque parent que l'enfant va grandir, apprendre et ajuster ses comportements. Si ces climats psychiques parentaux sont suffisamment harmonieux et pacifiés, l'enfant aura toutes les chances de croître, en intégrant en lui ces schémas de paix et d'harmonie.

Mais qu'en est-il quand l'un des parents (ou les deux...) sont "dysfonctionnels", portant en eux un lourd passif de névroses, de peurs ou de tourments? Comment un enfant parvient-il à exister quand son parent a bien du mal à exister lui-même? En devenant le thérapeute de son parent.

S'oublier inconsciemment...

C'est ainsi que naît ce qu'on appelle la dynamique du "Sauveur": l'enfant apprend à répondre aux besoins de ses parents (et des autres par extension), en négligeant totalement les siens. Cela donne, une fois adulte, des personnes qui savent remarquablement prendre soin des autres et être extrêmement attentives, mais qui se trouve incapable de faire pour elles-mêmes le dixième de ce qu'elles font pour autrui. Elles oublient leurs propres besoins, ne leur accordent aucune importance et ne les font figurer qu'en bas de la liste des priorités d'autrui. Elles se maltraitent et se font violence, sans en avoir conscience un seul instant.

Ce statut de "Sauveur" va en quelque sorte devenir leur identité, leur seule et unique façon d'interagir avec autrui et de se sentir aimé et accepté. S'ils ne prennent pas en charge, ils ont l'impression de ne pas exister, l'impression d'être vide et sans consistance car, dans le domaine affectif, "la prise en charge de l'autre" a été leur seul schéma de référence.

... jusqu'à la mise en place d'un schéma de prise en charge systématique d'autrui
Plus en profondeur, ces enfants ont appris, au contact de leur parent dysfonctionnel, dont ils avaient besoin de l'amour pour exister, que, pour être aimé, il fallait prendre en charge le parent, l'aider, le soutenir, répondre à toutes ses attentes, réparer tous ses traumas, panser toutes ses blessures... et faire tout pour que ce parent ne s'écroule pas. En effet, "Comment pourrais-je donc vivre si ma source principale d'amour et de sécurité s'effondre?" pense-t-il. C'est impossible, c'est inconcevable et c'est surtout tellement angoissant que l'enfant va se donner corps et âme pour "sauver" ce parent dont la fragilité le terrifie.

Le problème réside dans le fait que l'enfant n'a pas les moyens psychiques, intellectuels et émotionnels pour porter un adulte sur ses épaules. Il l'ignore au moment où cela se passe, mais il ne peut qu'échouer face à la tâche impossible qu'il s'assigne. Et ce sentiment d'échec va le tarauder toute sa vie: une fois adulte, il va sans cesse essayer de réussir là où il a échoué avec son parent et il va ainsi essayer de reproduire avec toutes les personnes qu'il aime ce même schéma de prise en charge désespéré (mais de toutes façons toujours voué à l'échec), et cela, même si cette personne ne le demande pas! Pour affiner les choses, l'enfant-adulte "Sauveur" va donc "choisir" -le plus souvent inconsciemment- les personnes qui sont "éligibles" à sa prise en charge.

De l'éviction inconsciente des personnes "saines"
Maman était déprimée chronique? L'enfant-adulte "Sauveur" va se sentir particulièrement attiré par des hommes ou des femmes souffrant également de dépression ou de toute autre fragilité de ce type; poursuivant ainsi sa démarche de "Thérapeute ou Sauveur de Maman", en espérant, cette fois-ci, réussir à le/la sortir de son malheur. Papa était un être dépendant affectivement, un peu immature, n'assumant pas ses responsabilités de père ni de mari? Il ou elle va également tomber amoureux(se) d'êtres immatures, le contraignant à reproduire des schémas de prise en charge afin de pallier toutes leurs carences, comme il n'a cessé de le faire étant enfant.

Malheureusement, ce "choix" sélectif de partenaires correspondant aux fragilités de son parent d'autrefois écarte et évince inconsciemment de son champ relationnel toutes les personnes "saines" (ou du moins sans faille psychique majeure) qui, elles, pourraient le rendre vraiment heureux/se, en lui permettant de renoncer à ce schéma toxique d'aide compulsive où il s'oublie lui-même. Pourtant, quelque part, l'enfant-adulte "Sauveur" aspire à rencontrer ces personnes, mais son mode de fonctionnement de "Sauveur" fait que, si c'est le cas, il sabote plus ou moins consciemment cette nouvelle relation car elle ne correspond pas à son besoin de réparation et de prise en charge compulsive. Il faut le comprendre: ne pas vouloir être pris en charge par lui signifie ne pas l'aimer!

Déconstruire la dynamique et gérer la culpabilité
Ces schémas doivent impérativement être identifiés, avant de pouvoir travailler sur soi-même. Ce n'est bien souvent qu'au cours d'une psychothérapie que cela est possible. Une fois identifiés, il va apprendre à remettre en question la pertinence de ces schémas, auxquels la personne en thérapie s'accroche paradoxalement très fortement car elle est persuadée qu'ils sont leur nature profonde. Ils redoutent de perdre une partie d'identité s'ils s'en affranchissent.

Il est également nécessaire de travailler la culpabilité qui s'élève en soi quand on commence à renoncer à aider, alors qu'on a fonctionné ainsi depuis qu'on est petit. Car le coeur est là: renoncer à aider, à sauver coûte que coûte et comprendre que cela ne fait pas de soi un être sans consistance. Ce n'est qu'à ce prix que l'on parviendra vraiment à aimer l'autre, sans l'instrumentaliser pour servir les exigences asservissantes de sa propre névrose de Sauveur.

Le Dr Christophe Fauré est psychiatre - psychothérapeute en pratique libérale à Paris. Il est auteur de nombreux ouvrages chez Albin Michel, dont Vivre le deuil au jour le jour, Après le suicide d'un proche, et Comment t'aimer toi et tes enfants? Le défi de la famille recomposée, Albin Michel.
Avatar du membre

Sans Prétention
Modérateur
Modérateur
Messages : 3881
Enregistré le : jeu. 5 mars 2015 19:32

Re: l'enfant thérapeute

Message par Sans Prétention »

En somme, avoir l'esprit trop sauveur nous inscrit d'office sur la liste des prétendants aux cornes avec des partenaires qui, eux, "fonctionnent" malamoureusement...

Merci de repréciser. Piqûre de rappel. Excellent article Ele !
Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
Avatar du membre

hugo
Cornes d'Or
Cornes d'Or
Messages : 157
Enregistré le : mar. 29 nov. 2016 11:16

Re: l'enfant thérapeute

Message par hugo »

Ah oui, et je suis cet enfant là...quelle merde
Avatar du membre

Sans Prétention
Modérateur
Modérateur
Messages : 3881
Enregistré le : jeu. 5 mars 2015 19:32

Re: l'enfant thérapeute

Message par Sans Prétention »

hugo a écrit :Ah oui, et je suis cet enfant là...quelle merde
Une découverte indispensable à faire pour repenser et repanser son monde...
Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
Avatar du membre

Auteur du sujet
Elemiah

Re: l'enfant thérapeute

Message par Elemiah »

http://www.clavier-bruno.org/la-psychan ... s-parents/



L'enfant thérapeute de ses parents

Dès le début de la psychanalyse, Ferenczi a théorisé ce concept. En psychanalyse transgénérationnelle, on s'aperçoit que dans la genèse d’un fantôme familial, le mécanisme est à peu près toujours le même : après un traumatisme insurmontable, un parent devient incapable de transmettre normalement de l’amour à son enfant. L’attention, la prise en compte et le respect de l’enfant dans son existence et dans son devenir, ce que j’appelle ici « l’amour », ne peuvent plus être prodigués par celui qui a charge de s’occuper de lui. Pour s’assurer alors son affection, l’enfant va tenter de redonner à son parent ce qui lui a manqué, point de départ d’une inversion du courant d’amour dans le lien : au lieu que l’attention du parent se porte sur l’enfant, c’est l’enfant qui tente de guérir celui-ci de sa peine. Même s’il a un parent sadique, maltraitant, abandonnique, abominable,l’enfant continuera à déverser son amour vers lui, sentiment évidemment mélangé à la haine et l’agressivité provoquées par la frustration qui en découle. Didier Dumas a montré combien un enfant doit idéaliser coûte que coûte son parent sous peine de mourir. (Didier Dumas, Et l’enfant créa le père. La découverte des testicules paternels, Paris, Hachette Littératures, 2000, p. 105) Au lieu d’être dans le «don », le parent, qui n’est plus en mesure de se donner de l’amour à lui même,est dans la « demande », souvent inconsciente et parfois masquée par un surinvestissement,demande à laquelle l’enfant veut répondre sans faillir. Le parent peut aussi prendre une position abandonnique qui laisse l’enfant en attente perpétuelle d’une attention qui ne vient jamais. Ainsi, ce que Françoise Dolto appelait la sécurité de base fait défaut à l’enfant quand le trauma du parent n’a pas pu être surmonté ou bien aussi quand celui-ci n’a pas eu assez d’amour dans son enfance pour pouvoir le donner à son tour. L’enfant s’évertue alors à donner ce qui a manqué à son parent pour ne pas être lui-même « lâché », laissé sans attention ni soin, ce qui est impensable pour un petit être si dépendant des adultes. Aussi, chez un enfant, le sens de son symptôme prend-il racine fréquemment dans le fait qu’il veut être le thérapeute de ses parents. Il ne peut se dégager de la mémoire transgénérationnelle de sa généalogie que si son parent s’en libère lui-même.



Bruno Clavier


Sujet remonté par Anonymous le dim. 9 avr. 2017 09:02.
Répondre