Pardonner l’infidélité

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

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SOS cocu
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Pardonner l’infidélité

Message par SOS cocu »

Dr Gérard Leleu, Médecin sexologue et auteur de La fidélité et le couple, paru aux éditions Flammarion en 1999.

L’infidélité est-elle une pratique très répandue ?


Dr Gérard Leleu : Oui, c’est un événement courant dans la vie des gens. C’est vrai qu’actuellement, le couple est presque une mission impossible. Les couples qui durent sans se tromper sont très rares. En Occident, la notion d’amour est sentimentale, et les sentiments, ça s’use. Le désir n’a plus de sens, et sexuellement, on gravit l’échelle du hard, en oubliant la sensualité, d’où un sous-développement sexuel. Donc, rien d’étonnant.

On est en couple, on s’aime... pourquoi devient-on infidèle ?

Dr G. L. :
On devient infidèle parce que l’on estime que son ou sa partenaire est insatisfaisant. Ça peut être d’ordre sexuel ou pour des raisons de non communication - c’est d’ailleurs une raison pour laquelle la femme va devenir infidèle - mais on peut vouloir fuir son quotidien ou bien on a l’impression de ne plus exister pour l’homme avec qui on vit. Et l’homme qui va faire un compliment ou juste l’écouter pourra devenir son amant. On peut aussi rechercher de la tendresse, de l’échange tout simplement.

L’infidélité peut-elle aussi correspondre à un besoin de tester sa séduction ?


Dr G. L. : C’est aussi le moyen d’envoyer un message, surtout chez les femmes, pour tester sa désirabilité.

Une infidélité, ça pointe toujours les manques d’un couple (communication, sexualité) ?

Dr G. L. :
Oui, c’est favorisé par l’ambiance. J’ai d’ailleurs une petite phrase qui résume bien les choses : "L’infidélité est une mauvaise réponse à une bonne question". Parce que l’on ne résout pas le problème.

Passion d’un soir, liaison de plusieurs mois... Selon le genre d’infidélité, pardonner est plus ou moins difficile ?


Dr G. L. : En effet, on ne peut pas comparer le coup de chaleur d’un soir et la liaison de plusieurs mois. Le coup d’un soir est bien plus facilement pardonnable. Et ça n’engendre pas les mêmes conséquences, les mêmes remises en question.

Je ne suis pas pour les infidèles qui avouent à leur conjoint(e) ce qu’ils ont fait. Parce que l’on ne souffre pas de ce que l’on ne sait pas. Et dans l’aveu, on cherche avant tout à se soulager, sans penser au chagrin de l’autre. On peut aussi avouer parce que l’on veut faire mal, car on a du ressentiment. En revanche, si le conjoint a un doute, c’est différent.

Que vit le ou la partenaire trompé(e) quand elle apprend l’infidélité ?

Dr G. L. : C’est extrêmement douloureux, ça peut d’ailleurs amener à la dépression, au suicide, voire au crime passionnel.

Chez l’homme trompé, l’amour propre est tout de suite touché, il se sent insuffisant sexuellement, il ramène tout à sa propre valeur. Et ça le dévalorise. Ça le renvoie à ses souffrances d’enfance. D’ailleurs, il réagit souvent comme un petit garçon : il pleure (il a le droit), se roule presque par terre, ce qui démontre une immaturité affective. La réaction de l’homme trompé, c’est une violence envers lui mais aussi contre l’autre, avec un désir de vengeance.

J’ai l’exemple d’un homme trompé qui avait récupéré des photos personnelles de nu de sa femme, les avait agrandir au format affiche et les avait placardé sur les murs de la ville et de sa voiture... Il y a là une volonté de détruire l’autre, d’ailleurs, on peut se demander de quelle manière il aimait sa partenaire pour avoir envie de la détruire.

Bref, il faut impérativement apprendre à gérer cette douleur, parce que si un capital amour reste, on peut réussir à passer à autre chose.

Comment gérer le plus justement possible lorsqu’on apprend que l’on a été trompé, lorsque l’on a trompé ?

Dr G. L. : Je crois que déjà, il faut cherche à souffrir le moins possible. Il faut déjà se dire, même si on met la barre haute, que c’est une épreuve mais que cette épreuve peut m’améliorer, me faire grandir, ça peut être une chance pour moi. Et commencer à réfléchir sur ce qui n’allait pas dans le couple.

Et puis, se dire que la souffrance que l’on vit n’est qu’en partie due à l’autre. Se dire que la douleur que l’on ressent est peut être un peu disproportionnée. Se dire que l’autre n’est qu’un épiphénomène dans le théâtre de ma vie intérieure. Et accuser, c’est attirer la réplique de l’autre et casser le dialogue."Tu me rends malheureux, tu m’as fait ci, ça". Utiliser le "je".

Pensez-vous qu’un break dans le couple est nécessaire afin de faire le point ?

Dr G. L. : Pas nécessairement. On peut très bien ne plus dormir ensemble, faire chambre à part. Ça dépend du degré de colère que l’on a en soi et de ce que l’on peut supporter à ce moment-là.

Par contre, si l’on reste dans le même appartement, je crois qu’il faut se donner des règles de communication, car passer des nuits blanches à parler, ressasser tout ça ne sert à rien. Ce n’est pas productif. Il faut parler, bien sûr, mais pas de manière excessive.

Faut-il chercher à comprendre le pourquoi d’une infidélité ?

Dr G. L. : Oui, il faut pouvoir analyser ce qui n’allait pas dans son couple. Il faut se remettre en question des deux côtés. De celui qui a été trompé et de l’infidèle. Il ne faut pas se "victimiser" mais juste se remettre en question, d’un côté comme de l’autre. Ne pas non plus s’"auto-accuser". L’homme a tendance à moins se remettre en question. Ensuite, il faut envisager son couple en éliminant tous les facteurs qui l’ont usé.

C’est aussi l’intensité de l’amour que l’on a pour son partenaire qui fait que l’on donne une nouvelle chance à son couple ou pas ?


Dr G. L. : Oui, c’est le capital amour qu’il reste. Selon que les bases sont solides ou pas. Et puis, il y a les enfants aussi.

Mais surtout, mon conseil est qu’il faut se donner du temps quand on veut se séparer parce que l’un des deux a été infidèle. J’ai beaucoup d’exemples où l’un des partenaires a décidé la séparation mais bien trop vite, parce qu’un ou deux ans plus tard, ils se disent qu’ils auraient pu pardonner.

C’est de générosité qu’il faut faire preuve, c’est-à-dire accepter qu’il ou elle n’est pas idéal(e), parfait(e), et ne pas se sauver au moindre accident.

Retrouver la confiance, ne pas devenir paranoïaque. Plus facile à dire qu’à faire ?

Dr G. L. :
Il restera toujours une fêlure. Au moindre retard de l’autre, au moindre imprévu... Dès qu’il y aura une anomalie ou une faiblesse du partenaire, on doutera.

Je crois qu’il faut donc avant tout retrouver une confiance en soi, il faut impérativement se refaire confiance, quitte à se faire aider par un spécialiste. Il faut devenir quelqu’un de mieux encore qu’on ne l’était. Il faut acquérir une certaine sagesse, renoncer à chercher des preuves, ça fait beaucoup souffrir. Etre vigilant mais pas espionnant.

Que peut faire celui ou celle qui a été infidèle pour apaiser les craintes de son ou sa partenaire ?


Dr G. L. : Je pense qu’il peut l’apaiser avec des démonstrations d’amour, de la tendresse, de l’écoute et être très proche de l’autre d’une manière générale. Pour que l’autre se dise : "Il m’aime, point".

En conclusion, quelles sont les conditions à réunir dans le couple pour qu’une infidélité soit pardonnée ?

Dr G. L. : De la générosité, de la lucidité, de l’amour et de la confiance en soi.
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