youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Bonjour à tous et à toutes,
Bonjour Youpi. Ton pseudo fait sourire sur un site qui accueille plutôt le désespoir.
Ca fait un petit souffle d'air frais.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
je présume qu'il existe beaucoup de formes et de raisons à l'infidélité, que chacun va le vivre, le ressentir différemment qu'il soit victime ou coupable.
Oui et non.
Dépend du cadre de référence.
Le virus de la grippe mute tous les ans, ce n'est jamais tout à fait le même (mais la base si), chaque personne, selon son âge, son état de santé, l'encaisse différemment. Il n'en demeure pas moins qu'on peut dire "c'est une grippe" d'après les symptômes et pas "c'est le SIDA" et que les personnes âgées et certains types de profils sont plus fragiles, plus sensible à cette maladie, qu'il y a des contextes aggravants et des d'autres qui atténuent sa virulence (d'où l'intérêt d'interroger autant les conditions que l'analyse biologique de la maladie).
Dire "la grippe est une maladie mortelle" est scientifiquement vrai.
Dire "tous ceux qui meurent c'est à cause de la grippe" est imbécile.
Pour revenir à l'infidélité, et sur cette ligne de pensée, il est donc deux pièges à éviter :
a - "chaque cas est différent" (t'imagines un médecin incapable de reconnaître le virus de la grippe sous prétexte que chacun l'encaisse différemment ?)
b - "tous les cas sont pareils" et son corrolaire : "toutes les femmes sont..." "tous les hommes sont..." "tous les cf sont...", etc. (T'imagines un médecin pour qui tous les symptômes sont forcément les symptômes de la grippe ? Il te filerait un sirop et de l'efferalgan alors que c'est l'appendicite quoi...)
La "vraie" réponse, s'il y en a une, ce serait : "chaque cas est bien différent, mais pas tant car il y a des familles de cas".
La question première à se poser dans un premier temps n'est donc pas "Je pars ou je reste ?" mais "dans quelle situation je suis ?" et pour y parvenir, il faut avoir la tête sur les épaules, et de fait, prendre soin de soi, se détacher psychologiquement, se délier en quelque sorte, de son partenaire.
A partir de là, on peut dire "selon les symptômes, il y a de fortes chances pour que..." sachant qu'on ne s'interdit pas d'autres portes de sorties.
Mais un coup d'un soir ne se "traite" pas de la même manière qu'une double vie, l'inscription sur des sites de rencontres n'est pas non plus la même chose qu'un "accident" au travail et un sandwich qui est un proche, un ami, un frère / une soeur, qui connait le couple, ses difficultés, qui se présente comme une personne de confiance, c'est quand même pas pareil que l'illustre inconnu qui passait par là.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Depuis 2014 je suis cocu, depuis j'ai vécu quelque chose de douloureux.
En plus du cocufiage ou c'est cocufiage en lui-même qui est douloureux ?
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
J'ai essayé de relativiser, me disant que je n'étais pas malade, sans vraiment de problème. Ma vie n'est pas mauvaise. Je l'aime.
Seulement ce n'est pas aussi simple.
A titre personnel, je ne suis pas de ces apôtres de la relativisation à outrance.
Une trahison reste une trahison. La société à mon sens est malade d'encourager à accepter le mensonge comme nouvelle norme des relations humaines. A ce sujet, il faut lire l'excellent ouvrage de Roland Gori sur la question : "
La Fabrique des Imposteurs".
Même un journal aussi peu consistant que
Femme Actuelle pour ces questions, affirme, en relayant la parole des femmes trompées (comme si l'infidélité féminine n'existait pas...) que :
"La manière dont nous ressentons l’épreuve en dit long : certaines décrivent «une hémorragie, je me vidais, je ne pouvais rien faire pour arrêter ça», d’autres voient un effondrement d’elles-mêmes «semblable à ces immeubles qui tombent en poussière», ou encore une descente vertigineuse vers le fond. L’infidélité porte atteinte au sentiment de singularité : avoir été trompée, c’est ne plus pouvoir se penser la seule élue. Or cette conviction est indissociable de l’idée de couple, surtout s’il a prononcé les vœux du mariage ! Pas étonnant donc qu’on aille mal, voire très mal, au point de vouloir mourir."
Capisci ?
La première des sagesse consiste à ne pas confondre "Jardin secret" et "Terrain de chasse".
Et quand je dis ça, je sais que par dessus le marché je ne vais pas être compris des "libertaires sexuels" qui à mon avis font ce qu'ils faut dès lors qu'ils sont en accord avec leurs convictions. La perversion s'insinue non pas dans la polygamie ou la polysexualité, ça c'est le choix de chacun (et la notion de consentement, pardon de le dire, reste essentielle). Elle niche dans la torsion qui existe entre ce qu'on prétend de soi et ce que l'on fait : on appelle ça de la tromperie et, dans certains cas, de la manipulation.
Pour aller vite, si tu te mets avec quelqu'un qui te dit : "Je t'aime mais j'ai besoin de coucher avec d'autres hommes", tu as le choix d'accepter ou pas. De faire pareil ou pas, mais au moins, le contrat est clair. Dans le cas de l'infidélité, il est des imbéciles heureux prêts à clamer sur tous les toits qu'ils sont "fidèles à eux-mêmes" tout en étant absolument infidèles à la parole qu'ils ont eux-même donnée.
Et incapables de résoudre ce conflit intérieur pendant lequel ils / elles se disent "perdu.e.s", ça finit par une magnifique pirouette : "Cétafote".
Etrange que, plusieurs années après, le partenaire / la partenaire cf "remercie" le cocu de s'être autant battu pour le couple.
Une cf dont on peut retrouver aisément le témoignage sur le site a d'ailleurs fini par déclarer : "Je n'avais pas de cerveau".
Au final, l'infidélité n'est pas non plus la fin du monde, mais la fin d'un monde (comme disait l'autre) mais l'accouchement du nouveau ne peut se faire sans douleur. Et lorsque les conséquences sont dramatiques, il convient de les aborder comme telles.
Il n'est rien de pire que de nier la souffrance ressentie : c'est une double peine infligée à la personne en détresse à laquelle on ajoute un manque de respect évident pour ce qu'est l'autre dans ses fondements identitaires.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Pour plusieurs raison, la première est le savoir. Quand l'on découvre que l'on est cocu, il n'y a pas forcément de certitude, parfois c'est un sentiment diffus, un changement à peine perceptible. On s'inquiète, on y croit à peine. Il arrive même que l'on en parle mais ici si je devais donner un conseil aux cocufiants c'est: il faut avouer à ce moment là ! Car à ce moment là, le cocu n'a pas du fouiller pour rassembler les preuves, il n'a pas vu, lu, il n'a pas vécu dans cette horrible univers. Cela reste encore abstrait. Dans ce cas là il est peut être possible de passer à autre chose.
Lorsque l'on découvre et lit des choses intimes comme "tu me manques", "je sais ce que tu aimes que je te dise lorsque je te pénètre", c'est vraiment différent que de juste se savoir trompé.
Nous ne sommes pas fait pour les détails mais notre partenaire peut nous pousser finalement à nous faire du mal en niant.
D'après
Yvon Dallaire, un spécialiste de la question (à qui l'on pourra toutefois reprocher des choses mais passons, ses chiffres sont "neutres") : "Près de 45 % des couples divorcent lorsque l’infidèle avoue de lui-même, mais ce pourcentage grimpe à 86 % si son partenaire découvre l’infidélité après que l’infidèle l’ait longtemps niée. En moyenne, deux couples sur trois divorcent après l’annonce d’une aventure extraconjugale."
Et il ne parle pas de ceux qui restent... A méditer.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Deuxièmement, ce que les managers aiment appeler la zone de confort (oui ça m'énerve aussi) mais dans ma vie privé c'était au final important. Le couple, la maison étaient un refuge. 25 ans de vie commune, on établie un rapport de confiance. Mais en même temps cette zone que l'on se construit est certainement la source de la douleur mais la cause. Peut être s'est-on trop assoupi dans cette zone.
Bah toujours pareil. Oui et non.
Dans les magazines à la con et sur les sites encore plus à la con, on reproche toujours au cocu de ne "plus faire attention à sa / son partenaire".
Le cas peut exister. Ce que je vois des témoignages moi c'est une dissymétrie criante entre les attentes de l'un et les attentes de l'autre.
Dès lors que ton "foyer" est pour toi un petit nid douillet malgré les difficultés de la vie, malgré les défauts du/de la partenaire, ses plaintes et son sale caractère, alors tu as rempli en quelque sorte la part de ton contrat. Si l'autre ça ne lui convient pas, c'est à cette personne de s'exprimer.
J'entends souvent dire et je lis souvent "je t'ai laissé des signes, je t'ai averti..." Faut-il avoir un master en communication non verbale pour savoir que l'autre est prêt à renverser ses propres promesses quand il va mal ?
Beaucoup ne le font pas. Comment imaginer que la première personne qui compte dans votre vie outre les enfants est ce ceux qui sautent le pas en prenant le risque de tout bousiller ?
Ce "soupçon' n'est-il pas en soi la fin de quelque chose que vous avez construit à deux ?
Sur SOS, on s'aperçoit le plus souvent d'ailleurs que le cocu est celui qui porte le plus de choses au niveau boulot, affection, et charge mentale et que le cf "s'ennuie" et dispose d'une grande liberté qui lui fait découvrir des "ailleurs possibles".
Petite compil à lire ici :
https://www.soscocu.org/viewtopic.php?p=58054#p58054
Bien sûr, tout n'est pas si noir, ni blanc mais disons que, dans la grande majorité des cas, le malaise d'un couple c'est 50/50. Alors que l'infidélité c'est 100/100 l'un des deux (certains gèrent en se réfugiant par exemple dans le travail. Mais au moins, ça paie les vacances lol.)
Les cerveaux rétrécis expliquent que l'infidélité c'est 50/50 !
Les raccourcis, je vous jure !
*
(Bon heu... Auto modération : si t'es jamais là, qu'en plus t'es "psychologiquement absent" au lit, que tu dis à ta femme / ton homme, dans ton comportement, qu'elle / il peut aller voir ailleurs, que tu te replies sur les enfants, que tu lui parles plus, que tu la / le prends pour un torchon, que vous n'êtes d'accord sur rien, qu'il n'y a aucun amour, ben en fait, là c'est logique que... Par contre, ce cas cité est quand même très rare : la nuance nous invite à être prudent sur des constats aussi tranchés !)
Il n'y a pas d'un côté le cocu "parfait" qui n'est pas responsable de son couple et de l'autre le "méchant" cf qui manipule le conjoint naïf.
Mais il n'y a pas non plus le cocu "négligent" qui n'a que ce qu'il mérite parce que pas assez ci, pas assez ça, trop comme ci, trop comme ça... et de l'autre la victime qui a glissé sous la couette d'un.e autre parce qu'elle souffrait trop.
Comme tout le monde a des défauts, la balle est dans le camp de celui/celle qui n'a pas trahi sa parole (tout est question de priorité entre les deux composantes du couple et il semble que la fidélité soit encore l'une d'elles selon une
enquête assez sérieuse de 2017
"Malgré l’expansion très visible des sites de rencontres extraconjugales, la fidélité reste un ingrédient jugé indispensable à la réussite d’un couple. Autrefois exigée pour assurer une descendance légitime au conjoint, elle répond aujourd’hui davantage à un idéal de transparence et d’authenticité au sein des couples, qui se construisent, pour la plupart, autour du sentiment amoureux"). (les gens sont shcizo !)
Et la fantaisie consistant à comparer le travail (ou toute autre occupation "utile") qui serait une infidélité à une infidélité sexuelle est non seulement erronée mais également fallacieuse : dans bien des cas, le "travail" (c'est un exemple parmi d'autres) n'est pas dissimulé et sert, le plus souvent, à assurer la sécurité financière du couple (bah quand même), voire parfois les "caprices" de l'autre qui va tromper (il y a beaucoup de cas. Je ne sais pas si c'est la majorité mais ça existe).
Pour l'anecdote : sur le site
Gleeden, voici ce qu'une internaute nommé Héléna37 peut écrire "
même si l’on est pas malheureuse dans son couple, faut-il refuser de s’écouter, d’écouter une passion qui revient alors qu’on pensait ne plus jamais ressentir cela ? Ou faut-il au contraire aller au bout de ses émotions, prendre des risques, pour trouver le bonheur ?"
On va m'accuser de vouloir isoler un cas pour en faire un généralité. Ester Perel dont je n'apprécie pas toujours les analyses (elle semble vouloir établir une "nouvelle norme" : la polysexualité. Perso, je pense que chacun a le droit de vivre comme il le souhaite. Y compris en étant monogame. Question de liberté de choix) a pourtant écrit un bouquin intitulé : "
Je t'aime, je te trompe". En voici la présentation sur
psychologie magazine.com : "Depuis dix ans et la parution de L'Intelligence érotique, son best-seller sur la sexualité conjugale, la psychothérapeute Esther Perel a aidé des centaines de couples confrontés à l'infidélité. Et sa conclusion est sans appel : non, l'adultère n'est pas le signe d'un couple qui ne fonctionne plus. On peut tromper sa moitié sans être malheureux, sans remettre en cause son amour ni son désir, mais pour se sentir vivant."
Le plus intéressant d'ailleurs est le moment où les rôles sont inversés
comme le rapporte ici ce témoignage de l'une des plus grandes figures de "l'amour libre" en France : Catherine Millet qui s'étalait par centaines de pages, dans son livre "
La vie sexuelle de Catherine M." sur ses aventures extra-conjugales (consenties par le mari, ce n'est donc même pas une infidélité !), lorsqu'elle découvre que lui aussi a une vie cachée, crache sa douleur dans "
Jour de souffrance".
A un moment, il faut remettre l'église au centre du village et se poser les bonnes questions : stop à la culpabilisation d'aimer son petit nid.
Là où l'on voudrait déceler un dysfonctionnement du partenaire cocu, il faut, à la lumière des éléments qui s'accumulent, plutôt parler d'insuffisance personnelle. Et de plus en plus.
Sur le site, il est notable de voir des gens, hommes, femmes, imparfaits qui tombent des nues en voyant leur partenaire que eux considéraient comme "parfaits" entrer d'abord dans une logique de trahison (l'infidélité), puis de mensonges, puis de culpabilisation du / de la cocue, puis, avec des preuves qui s'accumulent, la descente aux enfers.
Très souvent, les excuses ne viennent qu'après une guerre assez violente, le syndrome "Cétafote" et la découverte que le "drame" n'est pas une première dans l'histoire du couple. On comprend alors, dans ces conditions que, comme le suggère le sociologue
Pascal Duret : «L’infidélité est, plus encore qu’une blessure narcissique, une épreuve identitaire. Elle peut dans certains cas perturber jusqu’à la connaissance familière que les individus ont d’eux-mêmes.»
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Ici comment rétablir une confiance ! comment se dire que la personne en qui on avait le plus confiance ne vous refera plus mal. Malheureusement même avec le temps je ne sais pas si cela peut s'arranger. Cela fait 6 ans et pourtant ! Qui est finalement la personne que l'on découvre et pourquoi est-elle différente ? Chaque fois que je vois ma femme j'ai l'impression que c'est une autre, un double maléfique, qui a pu me faire cela.
Ou tout simplement, c'est complètement elle.
Avec ses bons et ses mauvais côtés.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Ensuite il y a sa propre image. Toute certitude, ego viennent exploser. On pouvait s'imaginer beau, intelligent, gentil, agréable peut être même "un bon coup" (même secrètement) et là on a la preuve que non.
Non quoi ?
Replaçons les choses dans leur contexte : si ça se trouve tu plairais à une donzelle que tu ferais grimper au rideau parce qu'elle est "malheureuse avec son mari qui la délaisse". Si ça se trouve, tu as détourné le regard quand l'une d'elle te faisait un appel du pied et tu aurais pu devenir son possible, son amour...
Tout est question de perspective.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
D'un coup on al'impression que quelqu'un vient de sonner à votre porte, vous lui ouvrez et il vous dit:
- Monsieur, vous êtes une merde.
Et le pire c'est qu'il vous en donne la preuve sous forme d'une pile de documents. Mais attention je ne dis pas que c'est vrai mais c'est le ressenti.
Tout à fait.
Puis vient la phase 2 : ce ressenti est légitime, normal. Mais faux.
youpiiiii a écrit : ↑ven. 4 sept. 2020 09:20
Pourtant j'ai beau lire des choses parfaites :
exiger la fidélité (au sens sexuel) c'est demander l'exclusivité de l'usage du corps de l'autre.
Que lorsque le sexe n'est pas dissocié de l'acte animal mais que l'on y intègre plus de choses, c'est là que l'infidélité fait mal.
J'en sais rien.
Pour ma part, j'ai vécu les deux (de ce que je sais) : une pour le cul sans les sentiments, une pour les sentiments sans (vraiment) le cul.
Est-ce que je peux affirmer que l'un fait plus de mal que l'autre ?