Billets d'humeur

La découverte de l’infidélité est une expérience traumatique. Il est souvent difficile d’être objectif lorsque nous traversons des situations déstabilisantes. Parlons en sans complexe.

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Re: Billets d'humeur

Message par Sans Prétention »

Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
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remarinus
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Re: Si votre conjoint fait ces 5 choses...

Message par remarinus »

Sans Prétention a écrit : dim. 13 mai 2018 02:50 Si votre conjoint fait ces 5 choses, c’est un PERVERS NARCISSIQUE*

Mon ex-mari était maltraitant : physiquement, sexuellement et surtout psychologiquement. (À tous ceux qui penseront à l’expression : « Les bâtons et les pierres peuvent me briser les os, mais les mots ne m’atteindront jamais » ils ont visiblement du mal à ressentir quoi que ce soit.)

En bref, mon ex était un pervers narcissique – un sociopathe fini.

Lors de notre séparation, après presque 8 ans de mariage, il s’en alla avec des morceaux de moi : ma fierté, mon estime de soi, mes espoirs et mes rêves. Il n’a pas pris ces choses à l’aide de ses mains mais à l’aide de ses mots.

Mais les pervers narcissiques sont rusés : ils sont très doués pour vous donner l’impression d’être tout le contraire de ce qu’ils sont réellement — tellement doués parfois, qu’il est difficile de s’apercevoir que l’on est victime de violences psychologiques.

Ouvrez enfin les yeux grâce aux indices que j’ai réussi à isoler :


1. Il vous fait croire que tout est votre faute.

On parle souvent des hommes PN mais je peux vous assurer que mon ex femme est le portrait caché de ce qui est écrit ;)

Les pervers narcissiques ne font pas toujours preuve de méchanceté pure et simple ; la plupart du temps ils sont même charmants et compatissants. Une minute vous êtes en pleine dispute et la minute d’après, il vous dit d’une voix douce « écoute mon cœur, je ne veux pas me battre avec toi. Je sais que tu n’as pas pu t’empêcher de gâcher notre soirée et qu’il t’est difficile d’être moins émotive. »

Vous voyez ce qu’il essaie de faire en vous parlant comme ça ? Au lieu de se concentrer sur le vrai problème, il vous insuffle l’idée qu’en fait, d’une manière ou d’une autre, vous êtes responsable de la dispute. C’est parce que les pervers narcissiques se déchargent constamment des responsabilités et que rien n’est jamais leur faute.


2. Il vous « endort »

Un homme abusif vous endort en changeant, déformant et inventant des choses dans l’intention de vous faire douter se vos propres souvenirs, de votre perception et même de votre santé mentale. C’est aussi l’une des tactiques « célèbres » employées par les pervers narcissiques.
Je n’oublierai jamais le moment où j’ai découvert que mon mari me trompait après qu’il ait accidentellement laisser sa boîte mail ouverte. Quand je l’ai confronté, au lieu de s’excuser, il a explosé et s’est mis à ME hurler dessus.

« Tu les as mal lus. Je n’arrive pas à croire que tu ne me fasses pas confiance ; c’est bien ton genre de ne pas me faire confiance. Je n’en reviens pas de devoir supporter ça ! Tu es en train de foutre en l’air notre mariage. »

Après avoir répété plusieurs jours, avec une insistance acharnée, qu’il ne me trompait pas, je me suis retrouvée à me demander si oui ou non j’avais inventé tout ça. Quand un pervers narcissique sait qu’il n’a aucune excuse, il en invente une (et vous oblige à vous demander si ce n’est pas vous qui êtes délirante.)


3. Tout est votre faute.

Ce point semble être le même que le point 1, mais détrompez-vous et croyez-moi quand je vous dit que c’est très différent. Ici, nous faisons référence à la tendance des pervers narcissiques à blâmer les autres de tous les problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie.

Il a de piètres résultats à son travail ? Eh bien, c’est votre faute, parce que vous le stressez lorsqu’il est à la maison. Des problèmes avec la justice ? Vous le mettez tellement en colère qu’il s’est échauffé et a fini par causer un accident. Malheureux dans son mariage ? C’est sans aucun doute parce que vous êtes une épouse terrible.

En bref, toutes les choses malheureuses qui lui arrivent, arrivent à cause de vous, vous, vous et jamais de lui. Il est parfait, vous êtes débile, fin de l’histoire.


4. Il vous démolit.

Les pervers narcissiques ont conscience de n’avoir pas grand-chose pour eux donc ils exercent leur emprise sur leurs victimes essayant de contrôler leur manière de penser. (Parce que si vous arriviez à penser par vous-même, vous seriez capable de réaliser à quel point vous méritez mieux.)

S’ils arrivent à vous insuffler l’idée que vous êtes moche/inutile/pathétique/stupide, vous commencerez à y croire et à vous cramponner davantage à lui parce que vous pensez (à tort) que vous ne pouvez pas avoir mieux. Et une fois que vous vous serez persuadée de n’avoir aucune estime de soi, le pervers narcissique arrivera à vous faire croire tout ce qu’il veut. Et ce qu’il vous poussera à croire ne servira qu’une seule personne : lui-même.


5. Il vous isole.

Il vous découragera et vous empêchera de voir vos amis parce que —SUSPENSE ! — ils pourraient avoir percé à jour son manège et vous convaincre de le quitter. S’il s’efforce de vous « réparer », il ne peut pas tolérer que vos amis gâchent son dur labeur, certainement pas avec leurs conseils malavisés.

Il vous convaincra aussi que vos amis ne « comprennent » pas combien il vous aime et que vous n’avez de toute façon pas besoin d’eux puisque vous l’avez lui.

Source

*En réalité, pour déclarer une personne véritablement PN, il faut une étude clinique plus complète.
Il n'en demeure pas moins que si votre conjoint correspond en tous points à cette description, c'est à minima un manipulateur aux failles narcissiques manifestes. Et l'existence de violences psychologiques, en pareille situation, n'est pas à démontrer.
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jaguarboy
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Message par jaguarboy »

Mon ex répond parfaitement à ces cinq principes ! Mais pour moi, c'est de l'histoire ancienne. Heureusement.
Les 200 chevaux parqués sous le capot sont bien moins dangereux que l'âne derrière le volant.
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Message par Sans Prétention »

"Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez."

Hannah Arendt
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Message par Sans Prétention »

Guy de Maupassant : Au bord du lit.
Texte publié dans Gil Blas du 23 octobre 1883 sous la signature de Maufrigneuse, puis publié dans le recueil Monsieur Parent.


AU BORD DU LIT


Un grand feu flambait dans l'âtre. Sur la table japonaise, deux tasses à thé se faisaient face, tandis que la théière fumait à côté contre le sucrier flanqué du carafon de rhum.

Le comte de Sallure jeta son chapeau, ses gants et sa fourrure sur une chaise, tandis que la comtesse, débarrassée de sa sortie de bal, rajustait un peu ses cheveux devant la glace. Elle se souriait aimablement à elle-même en tapotant, du bout de ses doigts fins et luisants de bagues, les cheveux frisés des tempes. Puis elle se tourna vers son mari. Il la regardait depuis quelques secondes, et semblait hésiter comme si une pensée intime l'eût gêné.

Enfin il dit :

- Vous a-t-on assez fait la cour, ce soir ?

Elle le considéra dans les yeux, le regard allumé d'une flamme de triomphe et de défi, et répondit :

- Je l'espère bien !

Puis elle s'assit à sa place. Il se mit en face d'elle et reprit en cassant une brioche :

- C'en était presque ridicule... pour moi !

Elle demanda :

- Est-ce une scène ? avez-vous l'intention de me faire des reproches ?

- Non, ma chère amie, je dis seulement que ce M. Burel a été presque inconvenant auprès de vous. Si... si... si j'avais eu des droits... je me serais fâché.

- Mon cher ami, soyez franc. Vous ne pensez plus aujourd'hui comme vous pensiez l'an dernier, voilà tout. Quand j'ai su que vous aviez une maîtresse, une maîtresse que vous aimiez, vous ne vous occupiez guère si on me faisait ou si on ne me faisait pas la cour. Je vous ai dit mon chagrin, j'ai dit, comme vous ce soir, mais avec plus de raison : Mon ami, vous compromettez Mme de Servy, vous me faites de la peine et vous me rendez ridicule. Qu'avez-vous répondu ? Oh ! vous m'avez parfaitement laissé entendre que j'étais libre, que le mariage, entre gens intelligents, n'était qu'une association d'intérêts, un lien social, mais non un lien moral. Est-ce vrai ?
Vous m'avez laissé comprendre que votre maîtresse était infiniment mieux que moi, plus séduisante, plus femme ! Vous avez dit : plus femme. Tout cela était entouré, bien entendu, de ménagements d'homme bien élevé, enveloppé de compliments, énoncé avec une délicatesse à laquelle je rends hommage. Je n'en ai pas moins parfaitement compris.
Il a été convenu que nous vivrions désormais ensemble, mais complètement séparés. Nous avions un enfant qui formait entre nous un trait d'union.
Vous m'avez presque laissé deviner que vous ne teniez qu'aux apparences, que je pouvais, s'il me plaisait, prendre un amant pourvu que cette liaison restât secrète. Vous avez longuement disserté, et fort bien, sur la finesse des femmes, sur leur habileté pour ménager les convenances, etc.
J'ai compris, mon ami, parfaitement compris. Vous aimiez alors beaucoup, beaucoup Mme de Servy, et ma tendresse légitime, ma tendresse légale vous gênait. Je vous enlevais, sans doute, quelques-uns de vos moyens. Nous avons, depuis lors, vécu séparés. Nous allons dans le monde ensemble, nous en revenons ensemble, puis nous rentrons chacun chez nous.
Or, depuis un mois ou deux, vous prenez des allures d'homme jaloux. Qu'est-ce que cela veut dire ?

- Ma chère amie, je ne suis point jaloux, mais j'ai peur de vous voir vous compromettre. Vous êtes jeune, vive, aventureuse...

- Pardon, si nous parlons d'aventures, je demande à faire la balance entre nous.

- Voyons, ne plaisantez pas, je vous prie. Je vous parle en ami, en ami sérieux. Quant à tout ce que vous venez de dire, c'est fortement exagéré.

- Pas du tout. Vous avez avoué, vous m'avez avoué votre liaison, ce qui équivalait à me donner l'autorisation de vous imiter. Je ne l'ai pas fait...

- Permettez...

- Laissez-moi donc parler. Je ne l'ai pas fait. Je n'ai point d'amant, et je n'en ai pas eu... jusqu'ici. J'attends... je cherche... je ne trouve pas. Il me faut quelqu'un de bien... de mieux que vous... C'est un compliment que je vous fais et vous n'avez pas l'air de le remarquer.

- Ma chère, toutes ces plaisanteries sont absolument déplacées.

- Mais je ne plaisante pas le moins du monde. Vous m'avez parlé du dix-huitième siècle, vous m'avez laissé entendre que vous étiez régence. Je n'ai rien oublié. Le jour où il me conviendra de cesser d'être ce que je suis, vous aurez beau faire, entendez-vous, vous serez, sans même vous en douter... cocu comme d'autres.

- Oh !... pouvez-vous prononcer de pareils mots ?

- De pareils mots !... Mais vous avez ri comme un fou quand Mme de Gers a déclaré que M. de Servy avait l'air d'un cocu à la recherche de ses cornes.

- Ce qui peut paraître drôle dans la bouche de Mme de Gers devient inconvenant dans la vôtre.

- Pas du tout. Mais vous trouvez très plaisant le mot cocu quand il s'agit de M. de Servy, et vous le jugez fort malsonnant quand il s'agit de vous. Tout dépend du point de vue. D'ailleurs je ne tiens pas à ce mot, je ne l'ai prononcé que pour voir si vous êtes mûr.

- Mûr... Pour quoi ?

- Mais pour l'être. Quand un homme se fâche en entendant dire cette parole, c'est qu'il... brûle. Dans deux mois, vous rirez tout le premier si je parle d'un... coiffé. Alors... oui... quand on l'est, on ne le sent pas.

- Vous êtes, ce soir, tout à fait mal élevée. Je ne vous ai jamais vue ainsi.

- Ah ! voilà... j'ai changé... en mal. C'est votre faute.

- Voyons, ma chère, parlons sérieusement. Je vous prie, je vous supplie de ne pas autoriser, comme vous l'avez fait ce soir, les poursuites inconvenantes de M. Burel.

- Vous êtes jaloux. Je le disais bien.

- Mais non, non. Seulement je désire n'être pas ridicule. Je ne veux pas être ridicule. Et si je revois ce monsieur vous parler dans les... épaules, ou plutôt entre les seins...

- Il cherchait un porte-voix.

- Je... je lui tirerai les oreilles.

- Seriez-vous amoureux de moi, par hasard ?

- On le pourrait être de femmes moins jolies.

- Tiens, comme vous voilà ! C'est que je ne suis plus amoureuse de vous, moi.

Le comte s'est levé. Il fait le tour de la petite table, et, passant derrière sa femme, lui dépose vivement un baiser sur la nuque. Elle se dresse d'une secousse, et, le regardant au fond des yeux :

- Plus de ces plaisanteries-là, entre nous, s'il vous plaît. Nous vivons séparés. C'est fini.

- Voyons, ne vous fâchez pas. Je vous trouve ravissante depuis quelque temps.

- Alors... alors... c'est que j'ai gagné. Vous aussi... vous me trouvez... mûre.

- Je vous trouve ravissante, ma chère ; vous avez des bras, un teint, des épaules...

- Qui plairaient à M. Burel...

- Vous êtes féroce. Mais là... vrai... je ne connais pas de femme aussi séduisante que vous.

- Vous êtes à jeun.

- Hein ?

- Je dis : Vous êtes à jeun.

- Comment ça ?

- Quand on est à jeun, on a faim, et quand on a faim, on se décide à manger des choses qu'on n'aimerait point à un autre moment. Je suis le plat... négligé jadis que vous ne seriez pas fâché de vous mettre sous la dent... ce soir.

- Oh ! Marguerite ! Qui vous a appris à parler comme ça ?

- Vous ! Voyons : depuis votre rupture avec Mme de Servy, vous avez eu, à ma connaissance, quatre maîtresses, des cocottes celles-là, des artistes, dans leur partie. Alors, comment voulez-vous que j'explique autrement que par un jeûne momentané vos... velléités de ce soir.

- Je serai franc et brutal, sans politesse. Je suis redevenu amoureux de vous. Pour de vrai, très fort. Voilà.

- Tiens, tiens. Alors vous voudriez... recommencer ?

- Oui, Madame.

- Ce soir !

- Oh ! Marguerite !

- Bon.. Vous voilà encore scandalisé. Mon cher, entendons-nous. Nous ne sommes plus rien l'un à l'autre, n'est-ce pas ? Je suis votre femme, c'est vrai, mais votre femme - libre. J'allais prendre un engagement d'un autre côté, vous me demandez la préférence. Je vous la donnerai... à prix égal.

- Je ne comprends pas.

- Je m'explique. Suis-je aussi bien que vos cocottes ? Soyez franc.

- Mille fois mieux.

- Mieux que la mieux ?

- Mille fois.

- Eh bien, combien vous a-t-elle coûté, la mieux, en trois mois ?

- Je n'y suis plus.

- Je dis : combien vous a coûté, en trois mois, la plus charmante de vos maîtresses, en argent, bijoux, soupers, dîners, théâtre, etc., entretien complet, enfin ?

- Est-ce que je sais, moi ?

- Vous devez le savoir. Voyons, un prix moyen, modéré. Cinq mille francs par mois : est-ce à peu près juste ?

- Oui... à peu près.

- Eh bien, mon ami, donnez-moi tout de suite cinq mille francs et je suis à vous pour un mois, à compter de ce soir.

- Vous êtes folle.

- Vous le prenez ainsi ; bonsoir.

La comtesse sort, et entre dans sa chambre à coucher. Le lit est entr'ouvert. Un vague parfum flotte, imprègne les tentures.

Le comte apparaissant à la porte :

- Ça sent très bon, ici.

- Vraiment ?... Ça n'a pourtant pas changé. Je me sers toujours de peau d'Espagne.

- Tiens, c'est étonnant... ça sent très bon.

- C'est possible. Mais, vous, faites-moi le plaisir de vous en aller parce que je vais me coucher.

- Marguerite !

- Allez-vous-en !

Il entre tout à fait et s'assied dans un fauteuil.

La comtesse :

- Ah ! c'est comme ça. Eh bien, tant pis pour vous.
Elle ôte son corsage de bal lentement, dégageant ses bras nus et blancs. Elle les lève au-dessus de sa tête pour se décoiffer devant la glace ; et, sous une mousse de dentelle, quelque chose de rose apparaît au bord du corset de soie noire.

Le comte se lève vivement et vient vers elle.

La comtesse :
- Ne m'approchez pas, ou je me fâche !...

Il la saisit à pleins bras et cherche ses lèvres.
Alors, elle, se penchant vivement, saisit sur sa toilette un verre d'eau parfumée pour sa bouche, et, par-dessus l'épaule, le lance en plein visage de son mari.

Il se relève, ruisselant d'eau, furieux, murmurant :

- C'est stupide.

- Ça se peut... Mais vous savez mes conditions : Cinq mille francs.

- Mais ce serait idiot !...

- Pourquoi ça ?

- Comment, pourquoi ? Un mari payer pour coucher avec sa femme !...

- Oh !... quels vilains mots vous employez !

- C'est possible. Je répète que ce serait idiot de payer sa femme, sa femme légitime.

- Il est bien plus bête, quand on a une femme légitime, d'aller payer des cocottes.

- Soit, mais je ne veux pas être ridicule.

La comtesse s'est assise sur une chaise longue. Elle retire lentement ses bas en les retournant comme une peau de serpent. Sa jambe rose sort de la gaine de soie mauve, et le pied mignon se pose sur le tapis.

Le comte s'approche un peu et d'une voix tendre :

- Quelle drôle d'idée vous avez là ?

- Quelle idée ?

- De me demander cinq mille francs.

- Rien de plus naturel. Nous sommes étrangers l'un à l'autre, n'est-ce pas ? Or vous me désirez. Vous ne pouvez pas m'épouser puisque nous sommes mariés. Alors vous m'achetez, un peu moins peut-être qu'une autre.
Or, réfléchissez. Cet argent, au lieu d'aller chez une gueuse qui en ferait je ne sais quoi, restera dans votre maison, dans votre ménage. Et puis, pour un homme intelligent, est-il quelque chose de plus amusant, de plus original que de se payer sa propre femme. On n'aime bien, en amour illégitime, que ce qui coûte cher, très cher. Vous donnez à notre amour... légitime, un prix nouveau, une saveur de débauche, un ragoût de... polissonnerie en le... tarifant comme un amour coté. Est-ce pas vrai ?

Elle s'est levée presque nue et se dirige vers un cabinet de toilette.

- Maintenant, monsieur, allez-vous-en, ou je sonne ma femme de chambre.

Le comte debout, perplexe, mécontent, la regarde, et, brusquement, lui jetant à la tête son portefeuille :

- Tiens, gredine, en voilà six mille... Mais tu sais ?...

La comtesse ramasse l'argent, le compte, et d'une voix lente :

- Quoi ?

- Ne t'y accoutume pas.

Elle éclate de rire, et allant vers lui :

- Chaque mois, cinq mille, monsieur, ou bien je vous renvoie à vos cocottes. Et même si... si vous êtes content... je vous demanderai de l'augmentation.


23 octobre 1883
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sophit444
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Message par sophit444 »

Je serai tenté de dire... Et ce Monsieur Burel ? :fleur
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Mitsou78
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Mon histoire : viewtopic.php?t=3907

Re: Billets d'humeur

Message par Mitsou78 »

sophit444 a écrit : mar. 17 déc. 2019 13:16 Je serai tenté de dire... Et ce Monsieur Burel ? :fleur
Un si gentil faire valoir !!!! :wink: :wink:
L'amour ne se fait bien que l'après-midi. Onze fois sur dix, l'adultère découle du fait que les époux se fréquentent seulement le soir. F. Dard
Pour une femme adultère, le premier amant seul compte, après ils ne se comptent plus. HF Amiel
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Re: Billets d'humeur

Message par Sans Prétention »

Mitsou78 a écrit : mar. 17 déc. 2019 17:10
sophit444 a écrit : mar. 17 déc. 2019 13:16 Je serai tenté de dire... Et ce Monsieur Burel ? :fleur
Un si gentil faire valoir !!!! :wink: :wink:
Ou une arme de construction massive. Ou l'inverse.
Plusieurs cas possibles.
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Re: Billets d'humeur

Message par Sans Prétention »

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Re: Billets d'humeur

Message par Sans Prétention »

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Conan le Cornard (2)
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Re: Billets d'humeur

Message par Conan le Cornard (2) »

Sans Prétention a écrit : sam. 18 janv. 2020 08:55
"A part Thibaut, qui est venu aux infidèles anonymes de son plein gré ?"
...
"Qui a eu le courage d'en parler ouvertement à ses proches, à sa femme ?"
...
"bon, qui s'est faut gauler ?"

:lol:
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Déterminisme vs fatalisme

Message par Sans Prétention »

On peut prédire ce qui arrivera dans un système clos, ou à peu près clos, par exemple dans un calorimètre, dans un circuit électrique, dans le système solaire (…) Il est donc inévitable qu'un esprit exercé aux sciences étende encore cette idée déterministe à tous les systèmes réels, grands ou petits.

Ces temps de destruction mécanique ont offert des exemples tragiques de cette détermination par les causes sur lesquels des millions d'hommes ont réfléchi inévitablement. Un peu moins de poudre dans la charge, l'obus allait moins loin, j'étais mort. L'accident le plus ordinaire donne lieu à des remarques du même genre ; si ce passant avait trébuché, cette ardoise ne l'aurait point tué. Ainsi se forme l'idée déterministe populaire, moins rigoureuse que la scientifique, mais tout aussi raisonnable.
Seulement l'idée fataliste s'y mêle, on voit bien pourquoi, à cause des actions et des passions qui sont toujours mêlées aux événements que l'on remarque. On conclut que cet homme devait mourir là, et que c'était sa destinée, ramenant ainsi en scène cette opinion de sauvage que les précautions ne servent pas contre le dieu, ni contre le mauvais sort. Cette confusion est cause que les hommes peu instruits acceptent volontiers l'idée déterministe ; elle répond au fatalisme, superstition bien forte et bien naturelle comme on l'a vu.

Ce sont pourtant des doctrines opposées ; l'une chasserait l'autre si l'on regardait bien. L'idée fataliste c'est que ce qui est écrit ou prédit se réalisera quelles que soient les causes ; les fables d'Eschyle tué par la chute d'une maison, et du fils du roi qui périt par l'image d'un lion nous montrent cette superstition à l'état naïf. Et le proverbe dit de même que l'homme qui est né pour être noyé ne sera jamais pendu. Au lieu que, selon le déterminisme, le plus petit changement écarte de grands malheurs, ce qui fait qu'un malheur bien clairement prédit n'arriverait point.

Mais on sait que le fataliste ne se rend pas pour si peu. Si le malheur a été évité, c'est que fatalement il devait l'être. Il était écrit que tu guérirais, mais il l'était aussi que tu prendrais le remède, que tu demanderais le médecin, et ainsi de suite. Le fatalisme se transforme ainsi en un déterminisme théologique ; et l'oracle devient un dieu parfaitement instruit, qui voit d'avance les effets parce qu'il voit aussi les causes.

Alain,
Eléments de philosophie
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Sans Prétention
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Re: Billets d'humeur

Message par Sans Prétention »

Je me suis quelquefois proposé un doute : savoir s’il est mieux d’être content et gai, en imaginant les biens qu’on possède être plus grands et plus estimables qu’ils ne sont, et ignorant ou ne s’arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que d’avoir plus de considération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et des autres, et qu’on devienne plus triste.

Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu’on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j’approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin ou s’étourdissent avec du pétun. Mais je distingue entre le souverain bien, qui consiste en l’exercice de la vertu, ou (ce qui est le même), en la possession de tous les biens, dont l’acquisition dépend de notre libre-arbitre, et la satisfaction d’esprit qui suit de cette acquisition. C’est pourquoi, voyant que c’est une plus grande perfection de connaître la vérité, encore même qu’elle soit à notre désavantage, que l’ignorer, j’avoue qu’il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance.

Aussi n’est-ce pas toujours lorsqu’on a le plus de gaieté, qu’on a l’esprit plus satisfait ; au contraire, les grandes joies sont ordinairement mornes et sérieuses, et il n’y a que les médiocres et passagères, qui soient accompagnées du ris. Ainsi je n’approuve point qu’on tâche à se tromper, en se repaissant de fausses imaginations ; car tout le plaisir qui en revient, ne peut toucher que la superficie de l’âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, en s’apercevant qu’ils sont faux.

Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 octobre 1645
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