Et puis un beau jour on guérit...
Posté : mer. 15 août 2012 00:10
Bonjour à tous amis cocus et chers collègues.
Comme nombre d’entre vous, je ne pensais pas un jour me retrouver ici. Mais bon, il faut bien se rendre à l’évidence, ma femme a eu un amant durant un an. C’est assez déconcertant j’en conviens.
Non, je déconne. Ce n’est pas déconcertant. C’est un séisme. Vous le savez bien. Un tsunami sentimental, qui vous ravage de fond en comble l’âme, le cœur et l’estomac, vous coupe le souffle, vous dévaste les intestins et vous ramollit les cougnettes. D’autant plus que pour le coup, je ne m’y attendais absolument pas ! Mon Dieu que de hurlements. Que de douleur. Que de détresse. Que de larmes. Que de poids perdu. Bonne nouvelle tiens. J’ai fondu moi.
Et puis un beau jour on guérit. Ce fut mon cas. Et puisque j’ai eu cette chance, j’ai décidé de venir prêter mon concours à mes collègues cocus qui se débâtent encore misérablement dans les méandres terrifiants de la souffrance indicible d’avoir été trompé par leur âme sœur.
Petite précision. J’ai pris connaissance de ma déconfiture voici trois semaines. Et depuis une semaine, ma femme et moi vivons le parfait amour.
Hé ? Quoi ? Tu as tout appris il y a trois semaines et déjà digéré ? Et tu aimes encore ta femme ? Cette salope (hé, restez poli, c’est la mère de mes enfants) s’est foutue de toi durant un an et tu l’aimes ? Tu te foutrais pas un peu de nous là ? Tu nous prends pour des glands ? C’est ma femme qui t’envoie ?
Du calme les amis. Je suis comme vous, je vous le jure, cocu dans toute sa splendeur. J’ai perdu 5 kilos en quinze jours. Fait des cauchemars horrible. Je me suis vu impuissant. Mon univers s’est effondré. Mais voilà, tout cela n’a pas duré. Je vous ai dit que j’étais là pour tout vous dire. Allez, détendez-vous, après tout ce n’est pas si terrible, vous allez voir. Prenez un verre, vous y avez droit. De toute façon ce ne sera que le dix-septième ce soir… Retrouvez le sourire. Je vais vous décrire les différentes phases de ma reconstruction et comment j’ai dépassé ce qui s’est passé… Et vous verrez que vous aussi, vous pourrez bientôt aller mieux.
Phase 1 : Se souvenir de celle que l’on a épousée.
Ce chapitre comprend des parties réservées aux couples mariés. Désolé, c’est un témoignage, pas un manuel universel… Il peut toutefois fonctionner pour les couples libres mais beaucoup moins bien. C’est logique. Si on est libre on est libre. Elle l’est, vous l’êtes, tout le monde est libre. Comme la chèvre de monsieur Seguin, vous assumez vos choix. Vous vous êtes suffisamment gaussé de vos amis devant l’autel.
Avant de commencer je dois quand même résumer l’histoire. Mais rapidement.
Je suis marié depuis quinze ans. Il y a deux mois, j’ai senti que ma femme me cachait quelque chose. Je lui en ai parlé. Elle a nié. J’ai commencé à l’espionner. J’ai trouvé des indices. La douleur est apparue. Je me suis concentré sur les relations qu’elle entretenait avec un de ses amis. Je l’ai questionnée. La souffrance a crû. Je ne voulais pas y croire. J’ai pensé devenir fou. Pris de médicaments. Maigri. Souffert. Elle le voyait. Je lui ai écrit. Elle a nié. J’ai fini par bluffer. Elle a avoué. Le monde s’est écroulé. Le mien. Et visiblement le sien.
A aucun moment elle ne s’était éloignée de moi durant toute sa liaison. Moralement un peu. Inévitablement. Beaucoup de SMS avec son amant. Classique. Mais je ne m’en rendais pas compte, empêtré dans les tracas de la vie professionnelle. Et puis je ne voulais pas l'admettre... Physiquement, elle n'a pas vraiment pris de distances. Nous faisions l’amour souvent, et y prenions l’un et l’autre beaucoup de plaisir. En ce qui me concerne je le sais. En ce qui la concerne j’en suis absolument convaincu. 100%. Pas que je me considère comme infaillible. Question de feeling. Et de cohérence. Nous étions un couple uni. Trop soucieux sans doute, mais uni.
La première chose que j’ai faite après avoir pris connaissance de l’incident, ça a été de me bourrer copieusement la gueule. De hurler sur elle, de la traiter de tout, et pour la première et la dernière fois de ma vie, de la gifler. OK, j’étais devenu fou. Gifler une femme est à mes yeux un crime impardonnable. Comme quoi on revient de tout. Mes coups étaient toutefois mesurés. Plus symboliques que destructeurs. Un instant j’ai envisagé de la blesser pour commettre l’irréparable. Mais quelque chose m’a retenu. Tant mieux.
Après la pire nuit de ma vie, passée à parler, geindre, pleurer, questionner, désespérer, j’ai appelé mes parents pour leur annoncer mon divorce. Et eux qui connaissaient bien ma femme et la vie, après être remontés dans les nues d’où ils étaient tombés, m’ont dit de tempérer, de penser aux enfants. J’ai obéi. J’ai aussi informé ma belle mère de mon infortune. Pauvre femme. Elle n’en revenait pas. Personne n’en revenait. Et cela m’a copieusement aidé.
Si vous avez la chance d’avoir une famille bienveillante et clairvoyante, associez là à votre infortune. Sinon, trouvez des gens bienveillants et clairvoyants. Comme ici ;o) !
Le lendemain, j’ai commencé le travail de reconstruction. Ben oui. Je prends vite mes décisions lorsqu’elles sont graves. Je mets plus de temps à choisir un melon. Je ne voulais pas la quitter. Elle me demandait de rester. M’affirmait qu’elle m’aimait. Autant aller vers la lumière. Qu’est-ce que je risque après tout ? Plus de douleur ? Impossible ? Retrouver le bonheur ? OK. Je prends le risque. Donc, étape 1 : qui est ma femme ?
C’est la première question à se poser. Est-il possible qu’elle ne soit pas ce que je pense qu’elle est ? Est-il possible qu’un trait de caractère particulier m’ait échappé ? Je me suis souvenu de notre première rencontre, de nos premiers échanges, de ce désir profond de fonder une famille qui nous unissait. De son amour pour notre foyer. Tout cela ne collait pas avec l’adultère. Ma femme n’est pas le diable. Mais non d’un chien, que s’est-il passé ?
Désolé, je ne répondrai pas à cette question. Je ne vous donnerai que des pistes. Je n’ai pas envie de raconter la genèse de son acte. Je la connais, mais c’est complexe. Trop complexe. Juste dire : je me suis souvenu de qui elle était. Des raisons qui m’ont amené à l’épouser. A la mener devant l’autel.
Ah oui, nous nous sommes mariés à l’église. Je recommande à ce propos chaudement de se marier à l’église. Cela aide considérablement en cas de cocufiage. Parce que vous aurez toujours la consolation de vous dire que quoiqu’il arrive, il y a une chose que votre femme et vous aurez partagé et qu’elle ne partagera avec aucun autre : votre mariage à l’église.
A ce sujet d’ailleurs, si vous avez la chance d’être catholique, je vous recommande une visite régulière à la messe. Histoire de vous replonger dans l’ambiance. Prendre une heure de temps en temps pour vous souvenir du temps où vous avez réfléchi à la nature de votre engagement.
C’est une décision que nous avons prise après les évènements. Parce que après les évènements, il faut changer des choses. Nous en reparlerons.
Bon, il est clair que si votre épouse et vous avez traité le chapitre « liens sacrés du mariage » devant le menu du traiteur, vous êtes mal barré de ce côté là…
Autre sujet en rapport, l’unicité. Être cocu, c’est perdre son unicité vis à vis de l’autre. Vous le lirez partout, c’est une blessure narcissique terrible. En d’autres termes, comme c’est l’autre qui permet de s’aimer, si l’autre faillit, on ne s’aime plus et ça, ça fait super mal. Au moins, si on a été marié à l’église, on conserve toujours UNE chose unique. Et aussi con que cela paraisse, ça fait du bien. Même si un gros connard vous a piqué votre femme et l’a culbuté dans tous les sens dans tous les coins où vous aimez promener votre chien ou boire vos demis avec vos potes (voir phase trois sur ce chapitre), il vous restera toujours le FAIT que vous êtes le seul qu’elle a épousé devant Dieu. Il vous reste une lumière que RIEN, ni PERSONNE ne pourra défaire puisque « Ce que Dieu a unit, nul homme ne peut le séparer ». Comme quoi la religion, ça peut avoir du bon. Mariez-vous à l’église.
Bref, ma femme, je la connais bien. Je lui ai fait confiance avec raison durant 14 ans. Elle est animée du désir d’être honnête, je le sais. Elle ne l’a pas été. Elle a donc fait quelque chose en contradiction avec ses valeurs.
L’important pour moi a été de me souvenir que je connais bien cette personne. Je partage son intimité ultime depuis 14 ans. Statistiquement il y a peu de chance qu’elle soit folle à lier. En revanche, le démon de midi, l’angoisse de l’âge, le besoin de séduire qui dérape, ça c’est courant...
Après j’ai regardé le miroir et je me suis dit : peux-tu honnêtement lui jeter la première pierre ? Heu... parenthèse. Je ne suis pas un fou de Dieu. Mais les références bibliques sont universelles. Et pour le pardon, Jesus, y’a pas mieux.
Bref. Je me suis regardé et me suis demandé si jamais, moi, je n’avais éprouvé du plaisir à séduire. Ben pas depuis longtemps. Pour résister à la tentation, je m’étais laissé pousser le ventre. La séduction je connais, j’ai beaucoup pratiqué avant mon mariage. Mais sinon, bien entendu que cela aurait pu m’arriver. Et à quel moment me serais-je arrêté ? Comment aurais-je stoppé l’engrenage ?
Mais je devais tout savoir pour passer à la phase 2.
Phase 2 : comprendre.
Bon, pour cela il faut qu’elle fasse preuve d’honnêteté. Difficile me direz vous de croire quelqu’un qui vous a menti durant un an… Ben en fait pas tant que cela. Il faut juste bien voir si les choses sont cohérentes et collent avec la phase 1. Votre femme n’a pas changé. Elle a juste pris un nouveau partenaire. Après les raisons sont multiples : l’ennui dans le couple, l’envie de faire une folie, la peur de vieillir et l’envie de vérifier qu’elle peut encore séduire, tomber amoureuse pour de bon (mais là en général elle parle de partir), etc... Si votre femme a 40 ans, qu’elle est encore belle mais qu’elle sent les rides se dessiner, elle peut avoir envie de séduire un homme pour vérifier qu’elle peut encore. Une dernière fois avant d’être rayée des cadres. Ceci n’a strictement aucun rapport avec vous. Si seulement vous ne vous en étiez pas rendu compte, vous auriez poursuivi une vie paisible et heureuse. J’ai essayé...
Alors je lui ai posé des questions. Et elle m’a fourni des réponses. Précises. Horriblement précises, honnêtes et donc douloureuses. Le genre de réponses qui vous donne des cauchemars. C’est risqué. Faut pouvoir dépasser. Pour cela, voir phase 3.
Mais grâce à la précision ses réponses peu à peu un schéma s’est dessiné. Puis un autre. Les hypothèses se sont succédées. Les témoignages, les conseils psy du site m’ont beaucoup aidé. La cohérence s’est faite de plus en plus forte. Et enfin, la vérité m’est apparue. Celle que je ne parvenais plus à démonter. Bon, comme dirait Morpheus, “je n’ai pas dit que ce serait facile, j’ai dit que ce serait la vérité.” Mais je savais. Ma conviction était forgée. Je savais quoi pardonner.
Quoiqu’elle ait fait, elle l’a fait, pour son plaisir. Encore une fois, pas contre moi. Pour elle. Ne l’oubliez pas. Dans la grande majorité des cas, le cocufié n’a rien à voir avec l’affaire. Ce n’est pas une punition qu’elle vous inflige. Elle mange un bonbon c’est tout.
Seulement voilà. On a beau être philosophe, on en n’est pas moins homme. Alors il est temps d’aborder la phase trois.
Phase 3 : Assumer le sexe.
Si votre femme qui adore faire l’amour avec vous dit qu’elle a fait l’étoile de mer avec l’autre, c’est faux. Elle a fait avec l’autre tout ce qu’elle fait avec vous. Ni plus ni moins. C’est juste la même femme avec un autre homme. Une femme qui trompe son mari ne se transforme pas de facto en folle du cul. Elle vit une autre histoire avec un autre homme . Souvenez-vous de vous et de votre comportement avec vos différentes partenaires avant votre mariage ? Toujours la même chose. Parfois avec plus de fougue, parfois moins. Dans le cadre de l’adultère, il se peut qu’il y ait plus de fougue. C’est normal, c’est un début. Votre femme est une personne adulte qui a une sexualité adulte. Alors regardez la réalité en face: oui, elle s’est envoyée en l’air avec un autre en y prenant sans doute plus de plaisir qu’avec vous. Ce n’est pas parce que vous êtes mauvais, mais parce que pour elle c’est nouveau. Elle a connu d’autres hommes avant vous non ? Et ça ne vous empêche pas de bander ? Et bien là, c’est pareil...Donc le côté cul, on le dépasse comme ça.
Phase 4 : Retrouver la confiance.
Là, c’est le plus dur. Elle vous promet qu’elle ne recommencera pas, etc… Difficile de la croire. Sur ce chapitre, je n’ai pas de vrai conseil à donner sur ce qui permet d’accorder sa confiance.
Je tiens à préciser toutefois qu’elle a bien entendu totalement accepté le fait que je contrôle tous ses mails, SMS... C’est un contrat qu’elle accepte de bonne grâce. J’ai le droit de tout fouiller, elle ne s’en offusque pas. Évidemment ce n’est pas à faire. Ce n’est pas en fouillant qu’on retrouve la confiance, au contraire. A un moment, il faut faire un choix. Le choix de la confiance. Il faut se jeter dedans comme du haut d’un pont, en priant (décidément) pour que les élastiques tiennent. C’est terriblement angoissant mais aussi terriblement excitant. C’est la grande aventure de la vie. Allez les gars, n’ayez pas peur. Mais restez quand même vigilants...
Sur la confiance, je ne dirai qu’une chose : la confiance est un acte de courage. On présente trop le cocu qui refait confiance comme un benêt qui ne veut pas admettre son infortune. Non. Je vous le dis, la confiance et le pardon sont des actes de courage. Lorsque l’on affronte sa peur, on fait preuve de courage. Hector savait qu’il allait mourir en affrontant Achille. Mais il y est allé quand même. S’enfuir devant la difficulté, quitter sa femme parce que l’on craint qu’elle recommence c’est avoir peur. Si vous avez la certitude qu’elle va recommencer, quittez-là. Ou pas d’ailleurs. On peut être cocu et heureux, devenir un couple libre et changer son point de vue sur le mariage. Mais c’est une autre histoire.
Mais si vous sentez que l’épisode restera unique, parce que vous vous dites que si vous aviez fait une chose pareille vous ne l’auriez fait qu’une fois, parce que tout en vous et en elle vous pousse à penser cela, alors refaire confiance devient un authentique acte de courage.
Les cocus sont tous des hommes courageux puisqu’ils ont ont fait confiance à leur femme. La confiance c’est du courage. Ne l’oubliez pas.
Phase 5 : Reconstruire à deux.
Un vieil adage, ou Einstein je ne sais plus, dit : recommencer la même expérience en espérant des résultats différents est le signe de la folie.
Bien entendu. Il est clair que si vous ne changez rien dans votre vie de couple à la suite du séisme, il va se reproduire. Il faut changer des choses. Dans la réalité. Pas dans vos tête. Le physique, le concret doivent changer. Changez vos horaires de travail, vos habitudes de soirée, vos loisirs...
En ce qui nous concerne, nous avons mis en place les choses suivantes : quintupler le budget baby sitter (facile, il était proche de zero...) , multiplier les expériences fun ensemble (karting, rafting...), changer le rythme des soirées, réaménager des pièces... et puis surtout...
Je ne suis pas un catholique frénétique. Mais lorsque votre fille de neuf ans réunit les mains de son papa et de sa maman pendant que 100 personnes psalmodient “pardonnez nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés”, il se passe quelque chose en vous qui transcende la douleur, le doute et vous ouvre les portes de l’espoir et d’un monde inconnu.
Alors nous avons pris la décision de retourner chaque dimanche à la messe, avec nos enfants, pour nous y remarier. Encore et encore. Jusqu’à la fin des temps.
Comme nombre d’entre vous, je ne pensais pas un jour me retrouver ici. Mais bon, il faut bien se rendre à l’évidence, ma femme a eu un amant durant un an. C’est assez déconcertant j’en conviens.
Non, je déconne. Ce n’est pas déconcertant. C’est un séisme. Vous le savez bien. Un tsunami sentimental, qui vous ravage de fond en comble l’âme, le cœur et l’estomac, vous coupe le souffle, vous dévaste les intestins et vous ramollit les cougnettes. D’autant plus que pour le coup, je ne m’y attendais absolument pas ! Mon Dieu que de hurlements. Que de douleur. Que de détresse. Que de larmes. Que de poids perdu. Bonne nouvelle tiens. J’ai fondu moi.
Et puis un beau jour on guérit. Ce fut mon cas. Et puisque j’ai eu cette chance, j’ai décidé de venir prêter mon concours à mes collègues cocus qui se débâtent encore misérablement dans les méandres terrifiants de la souffrance indicible d’avoir été trompé par leur âme sœur.
Petite précision. J’ai pris connaissance de ma déconfiture voici trois semaines. Et depuis une semaine, ma femme et moi vivons le parfait amour.
Hé ? Quoi ? Tu as tout appris il y a trois semaines et déjà digéré ? Et tu aimes encore ta femme ? Cette salope (hé, restez poli, c’est la mère de mes enfants) s’est foutue de toi durant un an et tu l’aimes ? Tu te foutrais pas un peu de nous là ? Tu nous prends pour des glands ? C’est ma femme qui t’envoie ?
Du calme les amis. Je suis comme vous, je vous le jure, cocu dans toute sa splendeur. J’ai perdu 5 kilos en quinze jours. Fait des cauchemars horrible. Je me suis vu impuissant. Mon univers s’est effondré. Mais voilà, tout cela n’a pas duré. Je vous ai dit que j’étais là pour tout vous dire. Allez, détendez-vous, après tout ce n’est pas si terrible, vous allez voir. Prenez un verre, vous y avez droit. De toute façon ce ne sera que le dix-septième ce soir… Retrouvez le sourire. Je vais vous décrire les différentes phases de ma reconstruction et comment j’ai dépassé ce qui s’est passé… Et vous verrez que vous aussi, vous pourrez bientôt aller mieux.
Phase 1 : Se souvenir de celle que l’on a épousée.
Ce chapitre comprend des parties réservées aux couples mariés. Désolé, c’est un témoignage, pas un manuel universel… Il peut toutefois fonctionner pour les couples libres mais beaucoup moins bien. C’est logique. Si on est libre on est libre. Elle l’est, vous l’êtes, tout le monde est libre. Comme la chèvre de monsieur Seguin, vous assumez vos choix. Vous vous êtes suffisamment gaussé de vos amis devant l’autel.
Avant de commencer je dois quand même résumer l’histoire. Mais rapidement.
Je suis marié depuis quinze ans. Il y a deux mois, j’ai senti que ma femme me cachait quelque chose. Je lui en ai parlé. Elle a nié. J’ai commencé à l’espionner. J’ai trouvé des indices. La douleur est apparue. Je me suis concentré sur les relations qu’elle entretenait avec un de ses amis. Je l’ai questionnée. La souffrance a crû. Je ne voulais pas y croire. J’ai pensé devenir fou. Pris de médicaments. Maigri. Souffert. Elle le voyait. Je lui ai écrit. Elle a nié. J’ai fini par bluffer. Elle a avoué. Le monde s’est écroulé. Le mien. Et visiblement le sien.
A aucun moment elle ne s’était éloignée de moi durant toute sa liaison. Moralement un peu. Inévitablement. Beaucoup de SMS avec son amant. Classique. Mais je ne m’en rendais pas compte, empêtré dans les tracas de la vie professionnelle. Et puis je ne voulais pas l'admettre... Physiquement, elle n'a pas vraiment pris de distances. Nous faisions l’amour souvent, et y prenions l’un et l’autre beaucoup de plaisir. En ce qui me concerne je le sais. En ce qui la concerne j’en suis absolument convaincu. 100%. Pas que je me considère comme infaillible. Question de feeling. Et de cohérence. Nous étions un couple uni. Trop soucieux sans doute, mais uni.
La première chose que j’ai faite après avoir pris connaissance de l’incident, ça a été de me bourrer copieusement la gueule. De hurler sur elle, de la traiter de tout, et pour la première et la dernière fois de ma vie, de la gifler. OK, j’étais devenu fou. Gifler une femme est à mes yeux un crime impardonnable. Comme quoi on revient de tout. Mes coups étaient toutefois mesurés. Plus symboliques que destructeurs. Un instant j’ai envisagé de la blesser pour commettre l’irréparable. Mais quelque chose m’a retenu. Tant mieux.
Après la pire nuit de ma vie, passée à parler, geindre, pleurer, questionner, désespérer, j’ai appelé mes parents pour leur annoncer mon divorce. Et eux qui connaissaient bien ma femme et la vie, après être remontés dans les nues d’où ils étaient tombés, m’ont dit de tempérer, de penser aux enfants. J’ai obéi. J’ai aussi informé ma belle mère de mon infortune. Pauvre femme. Elle n’en revenait pas. Personne n’en revenait. Et cela m’a copieusement aidé.
Si vous avez la chance d’avoir une famille bienveillante et clairvoyante, associez là à votre infortune. Sinon, trouvez des gens bienveillants et clairvoyants. Comme ici ;o) !
Le lendemain, j’ai commencé le travail de reconstruction. Ben oui. Je prends vite mes décisions lorsqu’elles sont graves. Je mets plus de temps à choisir un melon. Je ne voulais pas la quitter. Elle me demandait de rester. M’affirmait qu’elle m’aimait. Autant aller vers la lumière. Qu’est-ce que je risque après tout ? Plus de douleur ? Impossible ? Retrouver le bonheur ? OK. Je prends le risque. Donc, étape 1 : qui est ma femme ?
C’est la première question à se poser. Est-il possible qu’elle ne soit pas ce que je pense qu’elle est ? Est-il possible qu’un trait de caractère particulier m’ait échappé ? Je me suis souvenu de notre première rencontre, de nos premiers échanges, de ce désir profond de fonder une famille qui nous unissait. De son amour pour notre foyer. Tout cela ne collait pas avec l’adultère. Ma femme n’est pas le diable. Mais non d’un chien, que s’est-il passé ?
Désolé, je ne répondrai pas à cette question. Je ne vous donnerai que des pistes. Je n’ai pas envie de raconter la genèse de son acte. Je la connais, mais c’est complexe. Trop complexe. Juste dire : je me suis souvenu de qui elle était. Des raisons qui m’ont amené à l’épouser. A la mener devant l’autel.
Ah oui, nous nous sommes mariés à l’église. Je recommande à ce propos chaudement de se marier à l’église. Cela aide considérablement en cas de cocufiage. Parce que vous aurez toujours la consolation de vous dire que quoiqu’il arrive, il y a une chose que votre femme et vous aurez partagé et qu’elle ne partagera avec aucun autre : votre mariage à l’église.
A ce sujet d’ailleurs, si vous avez la chance d’être catholique, je vous recommande une visite régulière à la messe. Histoire de vous replonger dans l’ambiance. Prendre une heure de temps en temps pour vous souvenir du temps où vous avez réfléchi à la nature de votre engagement.
C’est une décision que nous avons prise après les évènements. Parce que après les évènements, il faut changer des choses. Nous en reparlerons.
Bon, il est clair que si votre épouse et vous avez traité le chapitre « liens sacrés du mariage » devant le menu du traiteur, vous êtes mal barré de ce côté là…
Autre sujet en rapport, l’unicité. Être cocu, c’est perdre son unicité vis à vis de l’autre. Vous le lirez partout, c’est une blessure narcissique terrible. En d’autres termes, comme c’est l’autre qui permet de s’aimer, si l’autre faillit, on ne s’aime plus et ça, ça fait super mal. Au moins, si on a été marié à l’église, on conserve toujours UNE chose unique. Et aussi con que cela paraisse, ça fait du bien. Même si un gros connard vous a piqué votre femme et l’a culbuté dans tous les sens dans tous les coins où vous aimez promener votre chien ou boire vos demis avec vos potes (voir phase trois sur ce chapitre), il vous restera toujours le FAIT que vous êtes le seul qu’elle a épousé devant Dieu. Il vous reste une lumière que RIEN, ni PERSONNE ne pourra défaire puisque « Ce que Dieu a unit, nul homme ne peut le séparer ». Comme quoi la religion, ça peut avoir du bon. Mariez-vous à l’église.
Bref, ma femme, je la connais bien. Je lui ai fait confiance avec raison durant 14 ans. Elle est animée du désir d’être honnête, je le sais. Elle ne l’a pas été. Elle a donc fait quelque chose en contradiction avec ses valeurs.
L’important pour moi a été de me souvenir que je connais bien cette personne. Je partage son intimité ultime depuis 14 ans. Statistiquement il y a peu de chance qu’elle soit folle à lier. En revanche, le démon de midi, l’angoisse de l’âge, le besoin de séduire qui dérape, ça c’est courant...
Après j’ai regardé le miroir et je me suis dit : peux-tu honnêtement lui jeter la première pierre ? Heu... parenthèse. Je ne suis pas un fou de Dieu. Mais les références bibliques sont universelles. Et pour le pardon, Jesus, y’a pas mieux.
Bref. Je me suis regardé et me suis demandé si jamais, moi, je n’avais éprouvé du plaisir à séduire. Ben pas depuis longtemps. Pour résister à la tentation, je m’étais laissé pousser le ventre. La séduction je connais, j’ai beaucoup pratiqué avant mon mariage. Mais sinon, bien entendu que cela aurait pu m’arriver. Et à quel moment me serais-je arrêté ? Comment aurais-je stoppé l’engrenage ?
Mais je devais tout savoir pour passer à la phase 2.
Phase 2 : comprendre.
Bon, pour cela il faut qu’elle fasse preuve d’honnêteté. Difficile me direz vous de croire quelqu’un qui vous a menti durant un an… Ben en fait pas tant que cela. Il faut juste bien voir si les choses sont cohérentes et collent avec la phase 1. Votre femme n’a pas changé. Elle a juste pris un nouveau partenaire. Après les raisons sont multiples : l’ennui dans le couple, l’envie de faire une folie, la peur de vieillir et l’envie de vérifier qu’elle peut encore séduire, tomber amoureuse pour de bon (mais là en général elle parle de partir), etc... Si votre femme a 40 ans, qu’elle est encore belle mais qu’elle sent les rides se dessiner, elle peut avoir envie de séduire un homme pour vérifier qu’elle peut encore. Une dernière fois avant d’être rayée des cadres. Ceci n’a strictement aucun rapport avec vous. Si seulement vous ne vous en étiez pas rendu compte, vous auriez poursuivi une vie paisible et heureuse. J’ai essayé...
Alors je lui ai posé des questions. Et elle m’a fourni des réponses. Précises. Horriblement précises, honnêtes et donc douloureuses. Le genre de réponses qui vous donne des cauchemars. C’est risqué. Faut pouvoir dépasser. Pour cela, voir phase 3.
Mais grâce à la précision ses réponses peu à peu un schéma s’est dessiné. Puis un autre. Les hypothèses se sont succédées. Les témoignages, les conseils psy du site m’ont beaucoup aidé. La cohérence s’est faite de plus en plus forte. Et enfin, la vérité m’est apparue. Celle que je ne parvenais plus à démonter. Bon, comme dirait Morpheus, “je n’ai pas dit que ce serait facile, j’ai dit que ce serait la vérité.” Mais je savais. Ma conviction était forgée. Je savais quoi pardonner.
Quoiqu’elle ait fait, elle l’a fait, pour son plaisir. Encore une fois, pas contre moi. Pour elle. Ne l’oubliez pas. Dans la grande majorité des cas, le cocufié n’a rien à voir avec l’affaire. Ce n’est pas une punition qu’elle vous inflige. Elle mange un bonbon c’est tout.
Seulement voilà. On a beau être philosophe, on en n’est pas moins homme. Alors il est temps d’aborder la phase trois.
Phase 3 : Assumer le sexe.
Si votre femme qui adore faire l’amour avec vous dit qu’elle a fait l’étoile de mer avec l’autre, c’est faux. Elle a fait avec l’autre tout ce qu’elle fait avec vous. Ni plus ni moins. C’est juste la même femme avec un autre homme. Une femme qui trompe son mari ne se transforme pas de facto en folle du cul. Elle vit une autre histoire avec un autre homme . Souvenez-vous de vous et de votre comportement avec vos différentes partenaires avant votre mariage ? Toujours la même chose. Parfois avec plus de fougue, parfois moins. Dans le cadre de l’adultère, il se peut qu’il y ait plus de fougue. C’est normal, c’est un début. Votre femme est une personne adulte qui a une sexualité adulte. Alors regardez la réalité en face: oui, elle s’est envoyée en l’air avec un autre en y prenant sans doute plus de plaisir qu’avec vous. Ce n’est pas parce que vous êtes mauvais, mais parce que pour elle c’est nouveau. Elle a connu d’autres hommes avant vous non ? Et ça ne vous empêche pas de bander ? Et bien là, c’est pareil...Donc le côté cul, on le dépasse comme ça.
Phase 4 : Retrouver la confiance.
Là, c’est le plus dur. Elle vous promet qu’elle ne recommencera pas, etc… Difficile de la croire. Sur ce chapitre, je n’ai pas de vrai conseil à donner sur ce qui permet d’accorder sa confiance.
Je tiens à préciser toutefois qu’elle a bien entendu totalement accepté le fait que je contrôle tous ses mails, SMS... C’est un contrat qu’elle accepte de bonne grâce. J’ai le droit de tout fouiller, elle ne s’en offusque pas. Évidemment ce n’est pas à faire. Ce n’est pas en fouillant qu’on retrouve la confiance, au contraire. A un moment, il faut faire un choix. Le choix de la confiance. Il faut se jeter dedans comme du haut d’un pont, en priant (décidément) pour que les élastiques tiennent. C’est terriblement angoissant mais aussi terriblement excitant. C’est la grande aventure de la vie. Allez les gars, n’ayez pas peur. Mais restez quand même vigilants...
Sur la confiance, je ne dirai qu’une chose : la confiance est un acte de courage. On présente trop le cocu qui refait confiance comme un benêt qui ne veut pas admettre son infortune. Non. Je vous le dis, la confiance et le pardon sont des actes de courage. Lorsque l’on affronte sa peur, on fait preuve de courage. Hector savait qu’il allait mourir en affrontant Achille. Mais il y est allé quand même. S’enfuir devant la difficulté, quitter sa femme parce que l’on craint qu’elle recommence c’est avoir peur. Si vous avez la certitude qu’elle va recommencer, quittez-là. Ou pas d’ailleurs. On peut être cocu et heureux, devenir un couple libre et changer son point de vue sur le mariage. Mais c’est une autre histoire.
Mais si vous sentez que l’épisode restera unique, parce que vous vous dites que si vous aviez fait une chose pareille vous ne l’auriez fait qu’une fois, parce que tout en vous et en elle vous pousse à penser cela, alors refaire confiance devient un authentique acte de courage.
Les cocus sont tous des hommes courageux puisqu’ils ont ont fait confiance à leur femme. La confiance c’est du courage. Ne l’oubliez pas.
Phase 5 : Reconstruire à deux.
Un vieil adage, ou Einstein je ne sais plus, dit : recommencer la même expérience en espérant des résultats différents est le signe de la folie.
Bien entendu. Il est clair que si vous ne changez rien dans votre vie de couple à la suite du séisme, il va se reproduire. Il faut changer des choses. Dans la réalité. Pas dans vos tête. Le physique, le concret doivent changer. Changez vos horaires de travail, vos habitudes de soirée, vos loisirs...
En ce qui nous concerne, nous avons mis en place les choses suivantes : quintupler le budget baby sitter (facile, il était proche de zero...) , multiplier les expériences fun ensemble (karting, rafting...), changer le rythme des soirées, réaménager des pièces... et puis surtout...
Je ne suis pas un catholique frénétique. Mais lorsque votre fille de neuf ans réunit les mains de son papa et de sa maman pendant que 100 personnes psalmodient “pardonnez nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés”, il se passe quelque chose en vous qui transcende la douleur, le doute et vous ouvre les portes de l’espoir et d’un monde inconnu.
Alors nous avons pris la décision de retourner chaque dimanche à la messe, avec nos enfants, pour nous y remarier. Encore et encore. Jusqu’à la fin des temps.